Gizonarriak Baionako euskal erakustokian, Barandiaran Stèles et rites funéraires au Pays Basque
Gizonarriak Baionako euskal erakustokian
Gizonarri eta atalburuak Donapauleko museoan
Gizonarri eta atalburuak Donapauleko museoan
Stèles
et rites funéraires
au
Pays Basque
Jose
Miguel de Barandiaran
Traduit
par Bernard Duhourcau
Article
paru dans Ekaina n° 11, 1984
Cette
étude a été écrite par l’abbé José Miguel de Barandiaran le
premier ethnologue et préhistorien du Pays Basque, bientôt
centenaire, à l’époque où demeurant à Sare, il faisait
l’inventaire des stèles discoïdales subsistant dans
les
communes du Pays Basque français. Je lui avais fait attribuer en
1956 cette mission par le ministère des Beaux Arts, ayant constaté
l’abandon de ces monuments précieux pour le patrimoine euskarien
et les risques trop réels de disparition qu’ils couraient.
Ce
fut pour moi un honneur et un plaisir rares de rencontrer à cette
époque José Miguel de Barandiaran au pays de Cize. Un honneur de
lui servir la messe dans la petite chapelle de la Madeleine, aux
portes de Saint-Jean-Pied-de-Port. Un plaisir de faire avec lui
l’excursion de la fontaine d’Ahusquy : plaisir doublé de la
rencontre du conteur Sarochar qui vida devant Barandiaran son sac de
légendes et de contes dont rien ne fut perdu pour notre ethnologue.
Les
stèles recensées par Barandiaran dorment aujourd’hui dans un
tiroir d’un bureau de la Culture à Paris. Mais
il serait regrettable que la précieuse moisson recueillie
scrupuleusement par ce savant consciencieux, échappe à la
connaissance des premiers qui ont à en connaître, les Basques des
rois provinces où Barandiaran, exilé au-delà de son Gipuzkoa, ne
s’est pas cru obligé de perdre son temps en vains regrets, mais a
ressuscité une préhistoire basque alors en sommeil, aujourd’hui
grâce à lui, bien éveillée.
Bernard
Duhourcau
*
Dans
ce bref essai consacré à un aspect des traditions du Pays Basque,
nous nous référons d'abord à des stèles discoïdales des
Pyrénées-Atlantiques dont nous avons étudié et recensé les
caractères pendant plusieurs années de recherches.
La
stèle funéraire, ou la pierre plantée à la tête de la tombe est
appelée généralement la «pierre des morts» (ilarri) ; en
certains endroits «la lumière des morts» (ilargi, la lune). Louis
Colas et Pierre Lafitte ont recueilli également les noms de
«l'homme» (gizona), «la croix de tête noire» (Kurutze
burubeltza) et «l'homme de pierre» (harri gizona) (1).
La
stèle est aujourd'hui encore un symbole attaché à un idéal qui
transcende cette vie terrestre. Elle fait partie d'un système
religieux dans lequel le respect pour les ancêtres joue un rôle
important et elle ne se comprend que dans celui-ci. Pour cela, nous
allons rappeler comment un tel système est intégré à la vie
populaire. Nous devons essayer de connaître les croyances, les
mythes et les pratiques relatives à la mort et à sa préparation,
ainsi que les réactions qui s'ensuivent et toute la trame des
relations qui forment son environnement naturel.
OU
CELA COMMENCE
En
dehors de la douleur et des autres maux physiques qui souvent
précèdent la mort, celle-ci est acceptée en général avec la foi
et l'espérance chrétienne par le peuple basque.
La
douleur n'est pas facilement comprise; si quelquefois elle l'est,
c'est en pensant à un modèle, le Christ, et à sa mort dans des
souffrances atroces; ou à des parents et amis morts en se confiant
dans les promesses du Rédempteur. Dans ce cas, ce ne sont pas les
principes abstraits qui mobilisent les âmes le plus efficacement,
mais ce sont les exemples concrets de personnes qu'on a remarquées
dans l'accomplissement d'un idéal suprême.
Mais
à côté de l'idéal chrétien qui occupe généralement le centre
de la vision, nous pouvons apercevoir au fur et à mesure des restes
d'autres conceptions animistes, magiques, matérialistes, qui
méritent d'être notées.
Si
la maladie est généralement attribuée à des causes naturelles,
dans quelques milieux, la croyance reste vivace que certaines d'entre
elles sont dues à des raisons mystérieuses (misticas), à des
génies ou des esprits (aidetikako), à des malédictions (birao), à
la force magique (adur) de quelque ennemi qui mettent en action Erio,
le génie de la mort ou la mort personnifiée. Dans une région de
Biscaye, ce génie est appelé «balbe», d'après R. M. de Azcue
(2). Les génies appelés «gaizkinak » à Bédia, «autzek» à
Ataun, «gaiztoak » à Ochagavia et «aidegaixtu» à Liguinaga font
souffrir certains moribonds et prolongent leur agonie.
RITES
DE PASSAGE
La
mort considérée comme la fin d'un mode de vie et le commencement
d'un autre, est un passage. Comme tel, elle est entourée de
précautions spéciales qui se traduisent par des rites et des
coutumes fidèlement observées. Quand une personne se trouve
gravement malade, le voisin (leenate ou auzo) qui habite la première
maison à droite sur le chemin de l'église, doit appeler le médecin
et le curé. C'est lui qui accompagne le prêtre qui porte le
viatique. La personne la plus importante de la famille, père, mère,
fils aîné, munie de deux cierges allumés, sort à la rencontre du
prêtre et l'accompagne jusqu'au chevet du patient. Pour cette
cérémonie, une femme de la première maison voisine et quelques
familiers ou parents sont présents. Deux personnes ou plus du
voisinage font une veillée nocturne (gaubela) et assistent le malade
jusqu'à sa mort ou jusqu'à ce qu'il soit hors de danger.
Quand
le malade entre en agonie, les personnes qui se trouvent dans la
maison récitent les litanies de la Vierge et les prières consacrées
par l'Eglise en pareil cas. Ils allument le cierge, béni le jour de
la Chandeleur, et le placent à côté de l'agonisant. Ils le signent
de temps en temps avec et l'aspergent d'eau bénite ainsi que la
maison pour écarter le mauvais esprit. Le premier voisin prévient
le sonneur de la paroisse pour que celui-ci sonne le glas.
Dans
certaines régions, si l'agonie se prolonge, les familiers du malade
enlèvent une tuile du toit de la maison (à Sare, en pays de Cize)
pour laisser le passage libre à la sortie de l'âme. On pense que
cela facilite la mort. A Ithurrotz, on entr'ouvre la fenêtre de la
chambre où agonise la personne pour que son âme s'échappe jusqu'au
ciel. Dans la région de Cenarrusa, Menaca et Oyarzun, on ouvre les
portes et les fenêtres de la maison.
Quand
une personne est morte, tout n'est pas achevé pour elle. On croit à
la survie de quelque chose d'elle, de l'âme, de sa force vitale avec
sa capacité de percevoir, de penser et d'aimer. La personne n'a pas
péri, même si elle a abandonné son support matériel et terrestre.
Ceci suppose une conception spéciale de l'homme et du monde, qui
n'est pas l'exclusivité de notre peuple basque, dans laquelle
l'ordre naturel trouve son sens et sa référence finale.
Dans
certains villages, existe la croyance que mourir pendant la Semaine
Sainte, ou le jour de l'Ascension, ou par temps de pluie est signe
que le défunt est sauvé.
ANNONCES
Quand
le décès est arrivé, les familiers du mort suspendent leurs
travaux et avertissent le premier voisin. Celui-ci avec les siens
revêt le cadavre de son linceul, d'un habit religieux ou de son
habit de mariage, selon la coutume des différentes régions et lui
met dans les mains une croix de cire. Il se charge des travaux de la
maison mortuaire. Il informé aussi le curé, les parents et le
sonneur de cloches qui annoncent aux paroissiens le décès. C'est la
coutume aussi que le premier voisin ou un familier du défunt fasse
l'annonce aux abeilles de la propriété, en frappant avec la main
sur les ruches et disant des paroles semblables à celles de
Liguinaga: «Réveillez-vous, votre nourricier est mort !». Ils font
de même pour les autres animaux domestiques, qu'ils obligent à se
lever. S'ils ne procèdent pas ainsi, par la suite les abeilles
meurent, et certains des autres animaux domestiques. Deux voisins
veillent le cadavre pendant la nuit.
Dans
certains régions, on couvre avec un voile noir une ruche de la
maison, le blason qui figure sur la façade, les glaces des chambres
et le bouquet de fleurs cueillies le jour de la Saint-Jean fixé à
la porte d'entrée.
CHEMIN
Un
ou deux jours après la mort, le cadavre est conduit à l'église,
accompagné de ses familiers, de ses parents et de ses voisins. Quand
le corps est sorti de la maison, le premier voisin en fait sortir les
animaux domestiques. Quand le cortège passe à-côté du rucher de
la maison du mort, un voisin soulève le couvercle des ruches.
Le
chemin que doit parcourir le convoi funèbre, celui qui réunit la
maison mortuaire à l'église et au cimetière, reçoit différents
noms selon les régions : Zurrumbide dans les villages de Navarre,
Elizabide (Uhart-Mixe), Hilbide (Saint-Etienne), Erribide
(Fontarrabie), Korputzbide (Andoain, Ataun, Oyarzun), Kuntzabide
(Cegama), Kuntzekobide (Menaca), Andabide (Cenaruzza, Orozco, Bedia,
Berriz), Camino de Antiglésia (Soscano), etc. Ce chemin a été
respecté encore dans de nombreux villages et aucun ne doit être
utilisé pour la conduite des corps depuis leurs demeures
respectives. Et s'il se trouve un tronçon de chemin impraticable, et
qu'il soit nécessaire de traverser une propriété privée, ce fait
crée une servitude de chemin (Kortezubi, Ithurrotz). Aux carrefours,
tous les assistants s'arrêtent et récitent chacun un répons.
OFFRANDES
Pendant
la célébration de l'office funèbre dans l'église, de nombreux
cierges ou des chandelles (3) brûlent à l'emplacement de la
sépulture symbolique que la maison du mort possède dans l'église.
Ce sont les offrandes des parents ou des voisins du village. Au
milieu d'elles se trouve l' «argizaiola», tablette
anthropomorphique autour de laquelle est enroulée une mèche de cire
symbole permanent de tous les ancêtres enterrés à cette place.
En
plus de l'offrande des lumières, on fait sur la même sépulture une
autre offrande non moins importante, celle de nourritures. Une
coutume antique est conservée jusqu'à notre temps dans certains
endroits : une jeune voisine du défunt apporte à l'église une
corbeille pleine de pains destinés à être placés pendant les
obsèques sur la sépulture de la maison du mort. Ces pains
d'offrandes ont en beaucoup de cas trois pointes ou quatre
quelquefois, de sorte qu'ils reproduisent la forme d'un swastika ou
d'un triskèle (4).
Une
autre forme d'offrande, autrefois très générale, consiste à
amener sur la sépulture un animal qui doit y rester pendant les
obsèques. A Oderiz, Iraneta, Arraiz et Arano (jusqu'en 1880), c'est
un mouton. A Oyarzun aussi on amenait jusqu'au portail de l'église
un mouton qui devait y rester pendant la cérémonie de
l'enterrement. A Vera de Bidassoa, à Lecarroz, à Ciga et à
Beorburu, la viande est un des éléments de l'offrande aux morts.
Cette coutume d'offrir de la viande et des animaux vivants vient des
temps antiques. A Cenarruza, au XVIIIe siècle, figuraient dans les
offrandes des pains, de la viande, une poule et du lard. Selon le
Père Larramendi c'était une coutume générale, dans les grandes
funérailles, de conduire à la porte de l'église un bœuf vivant ou
un mouton (5). Gorosabel dit qu'il était assez habituel pour la
maison mortuaire de présenter une paire de bœufs à la porte de
l'église... ainsi que de payer une somme d'argent pour leur rachat
(6). C'est ainsi que, encore en 1787, dans les offices funèbres
célébrés pour l'âme du recteur défunt de l'église paroissiale
du Conseil de Aizarnazabal on a présenté aux portes de cette église
un bœuf vivant avec deux pains de quatre livres plantés sur des
piques. D'après le même Gorosabel, le chapitre de Berasteguy eut la
prétention en 1796 d'obliger les héritiers du défunt à offrir,
pour le ou les propriétaires un mouton, pour les fermiers des
poules, «coutume qu'ils qualifiaient de sainte». Don Julio de
Urquijo a tiré d'un document du XVIIIe
siècle relatif aux coutumes de Ascoïtia le texte suivant: «A
l'offrande, on amena à la porte de l'église un bœuf qui fut
racheté pour huit ducats». Le même auteur rapporte un fait dont
Domingo de Aguirre fut témoin en 1898 à Oiquinia en Guipuzcoa: «A
l'entrée de l'église de Oiquinia pendant un enterrement, un bœuf
fut amené tranquillement la tête contre la porte, ornée d'une
chasuble noir, un gland pendu au cou et un pain planté sur chaque
corne». Dans le même article sur les «choses d'autrefois» (7)
Urquijo dit que dans les constitutions synodiales de l'évêché de
Calahorra des années 1602 et 1700, il n'y a aucune allusion aux
offrandes d'animaux, mais on y interdit d'amener le cheval du défunt
à l'enterrement.
L'ALIMENTATION
DES MORTS
C'était
une vieille croyance que ces cierges et ces offrandes de pain, de
viende, d'œufs, etc ; éclairent et nourrissent les morts dans
leur existence d'outre-tombe. Ainsi on raconte à Kortezubi que dans
les mines de Somorrostro le toit d'une galerie s'effondra,
ensevelissant plusieurs mineurs. Des années après l'effondrement,
l'endroit fut dégagé et dans un renfoncement on trouva un mineur
vivant.
Celui-ci
était de Axanguiz, une maison de la région de Gernika. Comme on lui
demandait comment il avait pu passer tant de temps dans cette
situation, il déclara que, durant son long séjour dans cette
prison, il n'avait été privé de lumière qu'un jour, celui où sa
mère, empêchée par une tempête, n'avait pu aller à l'église
allumer le cierge sur la sépulture familiale.
A
Berastegui, on raconte la même légende pour justifier la coutume
d'apporter des offrandes de pain et de lumières sur les tombes. A
Ataun, on entend dire qu'il faut offrir des lumières aux morts, même
si on n'allumait qu'une simple mèche de soufre.
A
Liguinaga, on n'apporte pas d'offrandes actuellement à l'église
pour motif de funérailles, mais jusqu'à ces dernières années on
offrait deux ou trois pains. Pour ceux-ci on disait qu'ils perdaient
toute leur substance nutritive pendant l'office funèbre; selon la
croyance populaire, elle était absorbée par l'âme du défunt pour
qui se font les obsèques. On dit aussi que les lumières qui brûlent
à cette occasion dans l'église autour du cercueil et à côté de
la sépulture éclairent le défunt dans l'autre monde » (8).
Selon
des informations d'Oyarzun, Andoain et Axpe, il y a dans ces
localités la croyance que les âmes des défunts mangent réellement
une partie des pains que l'on dépose comme offrande sur leurs
sépultures pendant la célébration des obsèques et la messe. C'est
pourquoi on dit à Arechevaleta, en Guipuzcoa, que le pain
d'offrande, quand il a été exposé sur la sépulture, pèse moins
qu'avant (9).
LES
FEUX
Un
autre type d'offrande ou de rite funèbre est la combustion d'objets,
symboles d'anciens sacrifices. Au début de ce siècle, la coutume
était très répandue de brûler la paillasse de la chambre où
était mort quelqu'un. Elles étaient faites alors de paille ou
d'enveloppes de maïs, d'où leur nom de lastaia, lastaida,
lastaria... de lastopaille. A Sare, si le sommier était métallique,
on brûlait à la place une botte de paille. L'opération se faisait
à un carrefour du chemin funéraire, pendant qu'on célébrait à
l'église l'office funèbre, ou pendant la nuit qui suivait.
Ceux
qui brûlaient la paillasse récitaient en même temps un Pater, et,
en certains endroits, aspergeaient le feu d'eau bénite. Les restes
de la combustion rappelaient au passant la mort survenue dans la
maison voisine, et l'invitaient à réciter une prière pour le
défunt. Aujourd'hui rares sont les lieux où survivent ces rites
(10).
LA
SEPULTURE ET LES AGAPES
Après
l'office funèbre célébré dans l'église paroissiale a lieu la
sépulture. A Sare, par exemple, tous les assistants aux funérailles
sortent dans le même ordre où ils sont entrés dans l'église,
précédés de la croix paroissiale, du clergé et du cercueil.
L'accompagnant jusqu'à la sépulture dans le cimetière qui entoure
l'église, se déroule le cortège. Quand le clergé a terminé de
réciter les prières du rituel, les porteurs du cercueil
l'introduisent dans la fosse, pendant que les gens du cortège
défilent devant et sortent sur la rue. Là, ils s'arrêtent en
formant une file le long du chemin de la maison du mort. Chacun
récite à voix basse une prière et le cortège se disperse. Seuls
lès parents et les étrangers, sur l'invitation du premier voisin
(Ieenate), retournent à la maison mortuaire. En passant à l'endroit
où a été brûlée la paillasse de la chambre du mort ou la botte
de paille symbolique, ils s'arrêtent, se signent et prient. Ils
entrent dans la maison avec le premier voisin et sa femme et y
prennent la collation appelée le «repas des messes» (mezatako
bazkaria) qui consiste en bouillon, viande rôtie et café. A la fin,
ils disent le De Profundis et se retirent.
Ailleurs,
comme à Uhart-Mixe et autres lieux de BasseNavarre et de Soule,
devant le portail, un voisin pose à terre une botte de paille (lasto
azau) et y met le feu. Tous ceux qui sont présents entourent la
petite flambée et disent un Pater, Ave et Requiem. Ensuite ils
entrent dans la maison et mangent le repas de funérailles (11).
A
Doneztebiri, c'est le chantre de la paroisse qui dirigé cette
cérémonie. Quand la maison mortuaire se trouve loin de l'église,
le repas de funérailles se tient dans.une auberge du village. Là
vont, après l'enterrement, les parents et voisins avec le chantre.
Dans ce cas la botte de paille symbolique est brûlée devant
l'auberge ; là se rassemblent ceux qui composent le cortège
revenant du cimetière et qui ont exécuté la cérémonie de prières
mentionnée autour des cendres.
Dans
tous les villages du Pays Basque existe la coutume d'offrir à
certains ou à tous ceux qui participent à un enterrement un repas
ou une simple collation, espèce de banquet funèbre qui aujourd'hui
évidemment n'a plus le contenu mystique d'autrefois. A Otazu, après
les obsèques, les assistants distribués en deux groupes, celui des
«honneurs» et celui de la «charité», passent à la maison
mortuaire où on leur offre du pain, du fromage et du vin. On leur
donne aussi des pruneaux dont chacun garde quelques-uns pour les
distribuer aux membres de sa famille, qui ont ainsi l'obligation de
prier pour le défunt. Ensuite, tous se groupent autour d'un des plus
anciens du cortège qui, de suite, dirige la prière de deux Pater,
un Salve et un Credo, et termine par ces paroles: «Revoyons nous
tous au Ciel». Alors un garçon s'approche de l'ancien et lui offre
du vin. L'ancien se découvre et le boit, et tous ceux qui sont
présents font de même.
Le
27 mars 1911, à Ithorrotz, à l'occasion de la mort de son
grand-père, M. Pierre Lafitte a été le témoin d'un rite qu'il
décrit ainsi: «Tous les assistants de l'enterrement furent invités
au banquet. Ceux de la famille, nous mangions ensemble dans la salle
supérieure; les autres en bas dans la partie appelée «borda».
Après le repas, on nous dit qu'en bas, ils allaient commencer les
prières et que nous descendions tous chacun avec notre verre, dans
lequel devait rester un doigt de vin. Quand nous entrâmes dans la
«borda», tous se tinrent debout, chacun son verre à la main. Les
servantes retirèrent les nappes des tables. Le chantre, Victor
Coustau, de Erretoraena, se découvrit, et tous vidèrent leurs
verres en faisant couler le vin sur les tables, moi comme les autres.
Ensuite, tous trempèrent dans ce vin le bout des doigts de la main
droite comme si c'était de l'eau bénite et se signèrent. Plus
tard, je demandais à diverses occasions à Victor Coustau ce que
signifiait cette cérémonie mais je ne réussis pas à obtenir
d'autre explication que ceci: «Nos ancêtres faisaient ainsi». Pour
moi, il ne m'est pas sorti de la tête que les libations des païens
latins nous sont restées à Ithorrotz et à Olhaibi, même quelque
peu christianisées au moyen du signe de la croix». (12)
A
Cegama où on sert du pain et du vin aux assistants, on appelle cette
collation «karidadea» (13), et ceux qui y participent gardent un
peu de pain pour le ramener à la maison et le donner à manger à
tous ceux de la famille, de la même façon que pour le pain béni
qui était distribué dans les églises durant la messe dominicale il
y a peu de temps encore.
A
Galarreta, ils servent des raisins et du fromage, et tout le monde en
garde quelque chose pour le ramener à la maison et le répartir dans
sa famille pour que chacun récite au moins un Pater pour l'âme du
défunt. A Salcedo, le cortège funèbre est composé comme à Otazu
et Ithorrotz par deux groupes, celui des «honneurs» (honra) qui
comprend les parents et les proches, et celui des «charités» formé
par le reste des assistants.
Chaque
groupe occupe à l'église la même place que dans la maison
mortuaire où tous vont après l'ensevelissement, les premiers
entrant à l'intérieur et les autres restant devant l'édifice. Là,
tous, sous la direction du curé du village qui se tient sur la
porte, récitent une prière pour le défunt. Puis ceux du groupe de
charité sont «régalés» (14) de pain et de vin et, en suivant,
tous se lèvent et un ancien les invite à réciter avec lui pour le
défunt un Pater et un Ave auxquels répondent les assistants.
Ensuite, ils récitent un Salve et prennent congé en disant: «Nous
le voyons dans le Ciel». Ceux du premier groupe («les honneurs»)
comme le sacristain mangent à l'intérieur de la maison mortuaire.
Au début et à la fin des agapes ils prient tous de la même façon
que la «charité» avec la seule différence que cette fois la
prière est dirigée par le parent le plus notable par son âge ou sa
dignité.
Comme
on le voit par les renseignements que nous avons recueillis, la
distinction de deux groupes dans le repas funèbre, ceux qui y vont
par obligation et ceux qui y vont par charité, semble avoir été
générale dans le pays. Les premiers sont de la maison et ont des
liens spéciaux qui les unissent; ceux du second groupe
n'appartiennent pas à la maison, mais ils sont unis à ses habitants
sur un autre niveau social dont le ciment est la charité chrétienne
basée sur une même foi et une même espérance. Tout ceci
correspond à une conception de la vie et à un plan et un ordre
social dans lequel la maison est considérée comme le centre d'une
entité ou d'un groupe domestique et comme le noyau et la base
inviolable et indivisible de la famille à laquelle son attachement
aux morts donne fermeté et consistance.
L'EMPLACEMENT
DE LA TOMBE
Chaque
maison possède sa tombe à côté de l'église paroissiale, ou à
l'intérieur, dans lequel cas la pierre qui la recouvre est le
«jarleku», parcelle attribuée à la dite maison. Mais avant
l'introduction du christianisme, la maison du même devait servir à
la sépulture familiale.
Dans
la montagne de Ataun-Burrunda-Altzania, se trouvent une série de
dolmens ou sépulture de l'âge du cuivre (énéolithique). Son nom
vulgaire, tel qu'il nous est parvenu, est «la maison des païens»
(jentiletxe). Un dolmen de la montagne de Saadar (Cegama) a pour nom
la maison du «Tartalo» (Tartaloetxe); un autre à Arrizala, «Maison
des sorcières» (Sorguinetxe) ; un autre à Elvillar «Chabola de la
Hechicera» (maison de la sorcière); un autre à Mendive en
Basse-Navarre «Maison de Mairi» (Mairietxe).
Il
est possible que l'emploi du vocable maison (etxe) pour désigner
d'autres anciennes sépultures ne soit pas dû précisément à une
relation de celles-ci avec les habitations humaines. Mais, étant
donné le site de nombreux dolmens de notre pays, on peut dire que
les demeures de leurs constructeurs devaient se trouver à leurs
côtés. La distribution et le territoire de ces monuments nous
rappelle une population pastorale comme celle qui transhume
aujourd'hui avec des bergeries dans des sites appropriés à leur
mode de vie. C'est dans ceux-ci que se trouve précisément la plus
grande partie des dolmens. A l'époque suivante, le fait se répète,
à en juger par les restes d'habitations et les fosses sépulcrales
de l'âge du bronze situées en Sabaltierrabide. Plus récents
(d'époque wisigothique) sont les habitats avec sépulture, des
grottes artificielles de l'Alava.
Cette
coutume, bien que restreinte à des cas déterminés, est parvenue
jusqu'à nous. On connaît la pratique, toujours observée dans le
premier quart de ce siècle, d'enterrer sous l'auvent de la maison ou
dans le jardin («baratza») contiguë à la maison les enfants morts
sans baptême; la même exigence, stéréotypée dans ces
populations, veut que la personne dont la conduite ne se conforme pas
aux normes chrétiennes soit enterrée sous l'auvent de sa propre
maison.
Dans
beaucoup de localités de la Basse-Navarre, on ne plante pas de
fleurs dans une petite parcelle de terrain contre la maison qu'on
appelle «le jardin de la dame de la maison» (Etxekanderearen
baratza). Là sont enterrés sous une tuile les enfants morts sans
baptême (15).
Le
concept de sépulture a été très lié à celui de jardin potager.
Le jardin des païens (Jentilbaratz) est une antique forteresse
aujourd'hui en ruines Située sur un piton élevé au-dessus du
défilé et du col de Arratera (Ataun); on dit que là sont enterrés
les païens. Enclavée dans les limites de la Navarre et du
Guipuzcoa, elle était encore en service aux XIIIe et XIVe
siècle et au début du XVe siècle. Le même nom de
Jentilbaratza désigne en Arano les nombreux cromlechs existant dans
cette région.
A
Oyarzun, on appelle «jardin des mairu» (mairubaratza) les cromlechs
qui existent dans les montagnes de cette localité. On dit que les
sorcières (intxixu) y sont enterrées.
Dans
le cas dont nous parlons des enfants morts sans baptême,
l'enterrement se faisait dans l'enceinte même de la maison, dans la
Rioja de la province d'Alava. En Biscaye et en Guipuzcoa, il se
faisait aux alentours de la maison entre le mur de celle-ci et la
ligne de la gouttière.
L'Annuaire
d'Eusko Folklore (16) a consigné les renseignements suivants de
Kortezubi (Biscaye): «Itxusuria est le nom de la gouttière du toit
et de la terre qu'elle surplombe. A cet endroit sont enterrés les
enfants morts sans baptême. C'est ce qu'ont appris tous mes
informateurs. L'un d'eux, Lorenzo de Bengoetxea, a assisté il y a 25
ans à l'enterrement d'une de ces créatures dans Vitxusuria du côté
gauche de la maison Andikoetzeta. Un autre informateur, Martin de
Aranaz, a vu enterrer deux enfants dans les itxusuria de deux maisons
de Riqoitia, il y a cinquante-cinq ans. Dans le même annuaire, il
est dit qu'un enfant mort sans baptême fut enterré au début de ce
siècle dans le jardin de la maison Arguinene d'Oyarzun. On a procédé
de même à Sare, selon une information de 1942.
Une
indication que cette coutume a été très répandue dans notre pays
est que nous l'avons trouvée vivante dans des localités très
distantes entre elles. En plus des cas cités nous en connaissons
d'autres à Oyarzun, Biriatou, Motrice Mendaro, Arechevaleta, Sare,
Liguinaga, Uhart-Mixe, etc… (17).
A
cette coutume est liée sans doute la pratique d'allumer des lumières
(Motrico), et de déposer des nourritures ou de l'argent comme
offrande (Ataun) pour les défunts de la maison aux fenêtres donnant
sur le «baratz», ce cimetière domestique supposé, afin d'obtenir
des ancêtres quelque faveur comme de retrouver une chose perdue ou
disparue. Ceci démontre que le jardin, les alentours de la maison et
la maison même ont un caractère de panthéon domestique.
Maintenant
la sépulture de chaque maison se trouve au cimetière. Elle reçoit
les noms de hilarrieta et d'ilarguieta (Sare), ilherri (Liguinaga),
zimitorio (Oyarzun), kanpusantu (Ataun), ortusantu (Cortezubi),
camposanto, cementerio, etc... La sépulture s'appelle obi, hobi,
illobi, hilobi, hilari, ilargi, tomba, fuesa, sepultura, etc...
Les
sépultures (fosses ouvertes dans la terre et couvertes par des
pierres) ont été adjointes à l'église dans chaque localité
pendant des siècles (depuis le XIIIe siècle selon
Frankowski). Jusqu'au début du XIXe siècle, elles se
trouvaient à l'intérieur de l'église paroissiale dans une grande
partie des villages. Mais la coutume d'enterrer aux environs de
l'église, générale aujourd'hui dans les villages du Labourd, de la
Basse-Navarre et de la Soule (18), répond à une tradition très
anciennes. Les sépulcres et les stèles d'Arguineta (Elorrio)
probablement du IXe siècle, ont occupé des lieux voisins
d'anciens ermitages. Nous pouvons dire la même chose de plusieurs
sépultures que nous avons fouillées près des sanctuaires d'époque
wisigothique à Faido, Albaina, Lano, Marquinez et Corro. Bien que le
cimetière ait été séparé de l'église dans le pays basque
péninsulaire, de nombreuses pratiques attachées au souvenir des
morts ont continué à l'intérieur de celle-ci. Ainsi les offrandes
de lumières, de nourriture et d'argent, les prières et certaines
pratiques rituelles comme les répons pour les ancêtres,
l'incorporation d'un nouveau membre à la famille par le mariage,
etc. qui se font aux emplacements (jarleku) de sépultures
symboliques que les maisons ont marquée dans l'église paroissiale
pour ces fonctions.
Les
sépultures des églises ont une orientation fixe de sorte que les
pieds du défunt se trouvent orientés vers le maître-autel ou
l'abside, et la tête du côté opposé. Comme l'abside occupe
généralement la partie orientale de l'église, il en résulte que
les sépultures chrétiennes ont réellement une orientation
Est-Ouest. Dans les sépultures creusées dans le rocher autour des
ermitages, comme sur la hauteur de Saint Jean de Martinez (19) et à
Saint Michel de Faido (20), comme celles qui sont construites en
moellons de pierre à côté des temples wisigothiques de Goba de
Lano (Alava), l'orientation Est-Ouest est constante comme celle
qu'avaient les dolmens et les sépultures énéolithiques.
LES
LIENS ENTRE L'EGLISE, LA TOMBE ET LA MAISON
Les
faits que nous avons notés indiquent que primitivement la maison fut
à la fois une habitation, un atelier, un temple et un panthéon
domestique. Avec le christianisme, le panthéon se sépara du foyer
pour occuper un lieu commun aux autres maisons, en la forme d'un même
temple. Mais il resta lié à la maison par l'intermédiaire d'un
chemin (elizabide, ilbide, zurrunbide). Depuis le patrimoine
domestique comprend le foyer et la sépulture, et ces deux éléments
forment un ensemble qui ne se sépare pas. Aucun des deux n'est la
propriété personnelle du chef de famille ; ils existent pour le
bien de tous ceux qui font partie de la maison : ils sont le
patrimoine du groupe domestique. Pour cela, tous les membres de la
famille ont le droit d'être enterrés dans la tombe de leurs
ancêtres.
La
tombe à l'intérieur de l'église s'est généralisée depuis le
XIIIe siècle, ce qui fit que les stèles de tombeaux
disparurent dans une grande partie du pays, et que prirent de
l'importance les tablettes de cierges enroulées qui prenaient la
place des pierres tombales (argizaiolak) et des sépultures
symboliques des églises actuelles (jarlekuak).
Quand
quelqu'un est institué héritier du patrimoine familial, on lui
rappelle ses liens avec les ancêtres et ses obligations envers eux,
ce qui se fait généralement en les formulant dans le contrat de
mariage, et lors de son installation définitive comme jeune maître
de la maison paternelle.
Dans
certaines localités comme Sare, les fiancés font célébrer des
messes pour les ancêtres des deux familles quelques jours avant leur
engagement par le mariage. Le jour de la noce, après l'engagement
matrimonial et la messe qu'on célèbre pour eux, les nouveaux époux
se dirigent vers les sépultures de leurs deux maisons et y prient
avec leurs familiers et les assistants de la noce.
Dans
beaucoup d'endroits, il est de coutume que la nouvelle mariée
présente une offrande à la sépulture de la maison de son mari peu
de jours après son installation, le premier dimanche après la noce
en certains endroits. C'est une façon de s'incorporer à la nouvelle
maison et aux ancêtres de son époux et de prendre possession de la
sépulture et de la maison comme maîtresse de maison
(etxekoanderea).
D'autres
traits d'observance antiques supposent un caractère commun à
l'église, à la tombe et à la maison. Je me réfère au fait de
tourner autour des lieux sacrés et aux effets de cette pratique.
Selon
certaines croyances il est dangereux de tourner un nombre déterminé
de fois autour des églises. A Behasteguy, on raconte qu'une femme de
la maison Jaulei devint ensorcelée pour avoir fait trois fois le
tour de l'église paroissiale du village. A Oñate, on dit que si
quelqu'un fait trois fois le tour d'une église, il est aussitôt
emporté par le diable. A Zarauz. on croit que les personnes qui ont
l'audace de tourner trois fois autour de l'église, leurs morts leur
apparaissent. Faire cinq fois le tour d'une église est dangereux,
dit-on à Elorrio. Une femme avait parié de le faire et commença à
tourner autour d'une église en tenant un enfant dans les bras; au
cinquième tour elle entendit une voix lui dire: «Remercie l'enfant
que tu portes, sinon tu n'aurais pas vécu longtemps».
A
Garay, on dit que c'est aussi dangereux de faire trois fois le tour
du cimetière. A Ataun, la même croyance existe. A Galarreta, on
soutient la même chose et on dit qu'au troisième tour un mort
apparaît ou une lumière verte dont la vision fait peur et oblige à
reculer. Une croyance semblable existe à Berriz. Egalement à
Leiqueitio, on entend dire que si quelqu'un passe à côté d'un
cimetière après la sonnerie de l'Angélus de la nuit, un mort lui
apparaît (21).
Le
danger inhérent aux circonvolutions autour des églises et des
cimetières existe aussi pour ceux qui veulent tourner autour des
maisons. Ainsi à Kortezubi,
on ne doit pas tourner trois fois autour d'une maison après la
sonnerie des défunts qui a lieu au printemps à neuf heures et en
hiver à huit heures. On dit que quelqu'un avait fait le pari de
faire les trois tours mais qu'il ne réussit pas et trouva le
malheur. A Oñate,
on raconte la même chose. A Abadiano, on ne peut pas faire les trois
tours à midi sauf s'il existe un laurier contre un des murs. A
Ataun, on dit aussi qu'on ne peut pas faire de nuit trois fois le
tour d'une maison sur un pari, si on ne tient pas à la main une
branche de laurier. Quelqu'un qui avait prétendu le faire disparut
mystérieusement. A ce sujet, je m'en réfère à ce que m'a dit
Felipe de Guirre, maître de la maison Mendiurkullu: toutes les
fileuses se réunissaient toutes les nuits dans la maison Erremedio.
Quelqu'un dit: «Personne ne peut de nuit tourner trois fois autour
d'une maison». Une des femmes appelée Catherine dit qu'elle le
pouvait et que sans peur elle ferait les trois tours. Et aussitôt
elle sortit pour faire le tour, mais elle ne revint pas. Alors ses
compagnes se mirent à la porte et rappelèrent: «Catalina !
Catalina !» Et elles entendirent des pannes qui semblaient venir du
pont de Ertzillegui, une maison du voisinage: «Catalina, oui !
Catalina ! Moi, Gaueko, j'ai emporté Catalina!» (Gaueko est le
génie de la nuit). Mais elles ne trouvèrent plus trace de Catalina.
Depuis, le pont d'Ertzillegui est appelé «le pont de Catalina».
LES
APPARITIONS
Les
traditions nous font connaître que certains actes commis autour de
la maison, l'église et le cimetière provoquent la présence ou
l'apparition des défunts.
Les
morts se présentent aux vivants sous diverses formes, comme des
lumières, des ombres, des bruits» des rafales de vent ou comme ils
étaient de leur vivant.
Le
croyance que les âmes des défunts apparaissent sous la forme de
lumières est très étendue au Pays Basque. Nous l'avons rencontrée
au cours de sondages faits dans les milieux les plus attachés aux
traditions locales, particulièrement à Ostabat, Sare, Zugarramurdi,
Ciga, Cenarruza, Galarreta et en d'autres localités.
Il
y a des endroits (Soscano, Cenarruza, Cortezubi, Orozco, Galarreta,
Ataun) où l'on croit que les défunts apparaissent avec leurs corps
et les vêtements avec lesquels ils ont été ensevelis, un cierge
allumé à la main, cierge que dans la région de Menaca on dit fait
d'un os humain. Quelquefois, ils montrent aussi des attributs de leur
profession (Ataun, Liguinaga). L'utilisation d'os humains comme
torches pour la nuit apparaît dans un récit d'Ataun où un voleur
se servit de ce moyen pour éclairer le coin où il opérait. Dans le
pays de Cize, Gil Reicher et René Lafon ont recueilli une légende
semblable à celle d'Ataun. Un voleur, en effet, s'introduisit dans
le château de Lahostanea. Il portait un «mairu beso» (un bras de
«Mairu»), c'est-à-dire un bras d'enfant nouveau-né mort sans
baptême. Il l'alluma et se servit de lui comme une torche qui fit
que, en même temps, les habitants du château dormirent d'un sommeil
magique (22).
Une
autre conception de l'âme que révèlent les croyances de Guernica
est que les défunts apparaissent sous forme d'ombres, et pour cela
on les appelle «gerixetiek» (les ombres). Cette croyance existe
aussi dans la région de Orozco. On raconte qu'un voisin de la maison
de Santuena se rendant à l'église, vit en plein soleil, contre lui,
deux ombres de forme humaine. Il les revit au retour de l'église.
Soupçonnant que la seconde ombre était celle d'un défunt, il lui
demanda de lui apparaître. L'ombre lui répondit qu'elle avait
manqué d'accomplir une promesse faite durant sa vie terrestre, de
faire célébrer une messe. L'homme de Santuena fit célébrer la
messe. Celle-ci achevée, il vit l'âme sous la forme d'une palombe,
disparaître dans les airs.
En
certaines régions (Menaca), il est admis que les morts apparaissent
à partir du soir jusqu'à minuit. Après, le chant du coq les oblige
à se retirer, surtout si c'est un coq de mars. Plus étendue est la
croyance que les âmes des trépassés errent dans le monde depuis
l'heure de midi, le jour de la Toussaint jusqu'à la même heure le
Jour des morts. A Larrabezua, on dit que les trépassés reviennent
dans leurs maisons pour la nuit de Noël et laissent des traces de
leurs pieds dans la cendre du foyer.
On
dit généralement aussi que, la nuit, après que la famille s'est
retirée pour dormir, les morts de la maison viennent à la cuisine
(d'autres disent les anges) et ramassent les offrandes qu'on y a mis
de côté pour eux, lumière ou nourriture.
LE
ROLE DES LAMINAK
Dans
les thèmes des croyances précédentes, les défunts paraissent
fréquemment avoir été remplacés par les «laminak». Les
habitants de Basterretche, selon Barbier (23) avant de se retirer
dans leurs chambres laissaient au coin du feu des tranches de pain de
maïs grillé et des bouts de lard avec une écuelle de lait. La nuit
les laminak venaient et mangeaient ce repas. A Saint-Martin
d'Arberoue, ils laissaient du pain de maïs pour les laminak et
ceux-ci, après l'avoir mangé, en récompense, travaillaient dans
les terres de leurs bienfaiteurs. A Uhart-Mixe, ils leur laissaient
de la nourriture sur le bord de la pièce de terre où ils
travaillaient. Dans la nuit les laminak venaient et terminaient le
travail qui n'était pas achevé. Le berger de la maison Sunbillenea
(Arraiz-Ulzama) apportait tous les jours aux laminak de la grotte de
Abauntz, une écuelle pleine de lait. Selon une autre version, il
leur apportait du caillé. A Orozco, on leur laissait une cruche de
cidre; les laminak la buvaient pendant là nuit et ensuite se
retiraient contents : s'ils ne trouvaient pas cette offrande dans la
cave, ils rompaient les tonneaux avant de s'en aller.
A
Ataun, Kortezubi
et autres lieux, en entassant les braises du foyer avant de se
rétirer pour dormir, on invoque les anges par cette formule:
«Pendant que je recouvre les braises, que les anges entrent dans le
foyer pour benir tous ceux qui habitent dans cette maison!». A
Mendive, ils appellent «saindi-maindiak» les visiteurs nocturnes du
foyer. D'après Pierre Lafitte, de la région de Saint-Palais, ce
sont les «etxejaunak» qui viennent de nuit dans la cuisine: génies
bienveillants pour leurs habitants, ils montrent leur mauvaise humeur
si les braises du foyer s'éteignent ou si la vaisselle employée
pour le dîner n'a pas été lavée ni rangée.
L'ANIMISME
DANS LES CROYANCES
La
croyance dans les défunts qui apparaissent avec leurs corps ou sous
une autre forme se maintient dans un milieu où est acceptée la
conception animiste du monde. Laissant de côté les mythes qui
entrent en scène, les génies des astres de la terre, des météores
et des autres éléments et phénomènes naturels, nous citerons
quelques fait qui touchent de plus près à notre cas. Ainsi en
est-il des statues ou images de la Vierge considérées comme des
sœurs, certaines effigies de saints qui parlent et qui marchent,
comme on le dit de Saint Michel de Erenusarre, de la Vierge de
Aranzazu, de celle de Eizaga de Zumarraga, de Saint Roch de
Plasencia, de Saint Jean de Gastelugatxe, de Saint Victor de Corro,
etc. Il y a là des explications possibles de phénomènes
ordinaires, des théories personnelles dont on n'a pas fait le lien
avec la nature scientifique; ou bien on n'a pas réussi à soumettre
les faits naturels à une observation et une expérimentation
appropriée. Mais certaines pratiques inspirées par la magie
supposent la même conception; il en est ainsi de celles auxquelles
sont soumisse les images de la Vierge de la Rosa à Bermeo, de Sainte
Lucie à l'ermitage de San Esteban de Goiburu (Andoain), de Ermua
(Llodio), de Saint Cristobal (Arrazua)...
Il
y a des pierres que les légendes supposent en rapport avec les
défunts. Elles peuvent nous éclairer sur le contexte dans lequel
ont été conservées les stèles funéraires. On peut signaler la
pierre de Arane, celle de la Pastora, celle de la sainte de Arpe (24)
et celle de Andrearriaga.
Il
y a un col situé sur les confins de Gorbea dans la région de Orozco
désigné sous le nom de «Araheko-harri». On raconte qu'une jeune
fille de la maison Arane s'en alla à Gorbea pour ramener ses brebis
qui paissaient dans cette montagne. Mais, enveloppée soudain par un
nuage épais, elle se perdit de telle sorte qu'elle ne put retrouver
le chemin de sa maison. Vint la nuit, puis arrivèrent des loups qui
la dévorèrent. Sa famille la chercha en vain plusieurs jours. Ils
ne trouvèrent plus tard que sa chevelure au col d'Araneko Harri (la
pierre d'Aran). J'ai visité les lieux le 23 mai 1922 et j'y ai vu
deux pierres enfoncées comme pour former les deux côtés d'une
chambre dolmenique. Elles perpétuent sans doute le nom et la
légende.
L'histoire
de la bergère d'Orozco ressemble à celle de Eterna, un village de
la région de Burgos, que m'a racontée un habitant de Pradilla le 3
juillet 1957. Une jeune fille de cette localité gardait ses brebis
sur le mont Larrea. Un jour elle les ramena à la maison mais il en
manquait deux ou trois. Ses parents lui ordonnèrent de retourner à
la montagne pour chercher les brebis perdues. Elle monta donc à
Larrea où elle rencontra les loups qui la dévorèrent. A cet
endroit on voit aujourd'hui une antique stèle de pierre, un
monolithe semi-cylindrique de forme humaine qu'on appelle la Pierre
de la Bergère. Elle porte sur un côté une figure de femme et à
son pied l'inscription aran qui rappelle le nom et la légende
des dolmens d'Orozco.
Sur
le territoire d'Andrearriaga (Oyarzun), près de la maison
Anderregui, il y avait une pierre de l'époque romaine qui figure
aujourd'hui au musée de San Telmo de Saint-Sébastien. Sur une de
ses faces, il y a une image gravée d'un personnage monté en amazone
sur une jument et, en dessous, une inscription incomplète et confuse
dans laquelle il semble qu'on peut lire: ULBELTESONIS qui peut être
le nom d'une divinité locale. A cette pierre et à un ermitage qui
se trouvait à un angle de ladite maison Anderregui se rapporte une
légende connue dans la région. Elle raconte qu'une femme qui
passait par là à cheval s'arrêta à l'ermitage et enleva à la
Vierge qu'on vénérait un rosaire qui pendait à ses mains. Elle
repartait sur son cheval quand, à un jet de pierre de l'endroit, une
personne lui donna l'ordre de rendre ce qu'elle avait volé. Elle nia
le fait disant «Arribiur» qui est une forme de serment signifiant:
«Que je sois changée en pierre si je mens». Du coup, elle fut
pétrifiée sur place. Andrearriaga signifie «le lieu de la pierre
de la femme».
Un
autre cas de «dame de pierre» (andre-arri) est celle qu'on appelle
vulgairement la «sainte de la grotte» (Arpeko saindua). Il s'agit
d'une colonne stalagmitique de forme vaguement humaine située au
fond d'une grotte de Bidarray. Celle-ci s'ouvre dans les bancs de
poudingues et de grès qui forment les escarpements méridionaux du
mont Zelharburu, un des contreforts de la montagne Artzamendi-Iuskaï.
C'est
une zone pastorale de tradition ancienne. Sur le sommet de
Zelharburu, au col appelé Iukadiko lepo, existent divers cromlechs,
un menhir et un dolmen et dans les collines voisines de Iuskai (ou
Iuskadi) et d'Artzamendi divers groupes de cromlechs. Les visiteurs
de cette « sainte » de la grotte viennent de tous les points
cardinaux, traversant les vallées et escaladant les montagnes, par
les chemins tortueux qui partent d'Errazu, d'Amayur, d'Ainhoa,
d'Itxassou et de Bidarray. Cette dernière route est la plus
fréquentée. Traversant la Nive à Bidarray par le pont Onddoene
(25) qui selon la légende fut construit en une nuit par une armée
de «laminak», on prend à droite un chemin qui remonte, le. long du
ruisseau Bastan erreka; on longe un bassin appelé Arranteia ; il
faut plus loin traverser le ruisseau dans un ravin étroit par le
Pont d'Enfer (Infernako-zubi); on continue en traversant de nouveau
le ruisseau et on prend le sentier qui mène à la ferme Arrusia
située sur le flanc méridional du mont Zelharburu, près du
santcuaire souterrain. On monte sur trois cents mètres en direction
de l'Ouest-Nord-Ouest
et on arrive à la grotte de Arpeko saindua.
L'entrée
de la grotte regarde l'Est-Sud-Est. Elle forme un vestibule de cinq
mètres de largeur, cinq de profondeur et six de hauteur. A gauche, à
un mètre et demi de hauteur, sous le toit du vestibule s'ouvre une
galerie à laquelle on accède par dix degrés; de pierre. L'endroit
est humide: l'eau tombe goutte à goutte du toit. Au fond du
sanctuaire s'élève une colonne stalagmitique qui arrive jusqu'au
toit: elle mesure un peu plus d'un mètre de hauteur et deux
décimètres de largeur moyenne. On dirait un torse humain. C'est la
«sainte» pétrifiée, qui fut découverte un jour par les bergers
des environs.
Voici
comment celà se produisit selon la version du récit populaire que
j'ai recueilli de la bouche de la maîtresse de la maison
(etxekoandere) de Arrusia (le 14 novembre 1938, jour où j'ai visité
ces lieux pour la première fois). Une jeune fille s'était perdue
dans la montagne Euzkei (Iuskai). On n'avait retrouvé que sa
chevelure. Plus tard, pendant des années, de nuit, on entendait des
voix. Quel-qu'un criait «Attends! Attends! » (Ago ! Ago !) du côté
de la montagne Euzkei.
Une
fois, on vit au milieu de la nuit, une lumière qui entrait dans la
grotte de Zelharburu. D'autres avaient dit même qu'ils en avaient vu
douze. Les gens des environs se rendirent à la grotte et là ils
virent la statue de la «Sainte». Par la suite, on n'entendit plus
les voix.
Pendant
que je visitais la grotte, je vis venir du côté d'Itxassou trois
femmes et deux petites filles. L'une d'elles, une jeune femme, alluma
un cierge de cire, traça avec lui une croix dans l'air devant la
stalagmite et le déposa à son pied pour qu'il s'y consume.
Devant
la stalagmite, divers bougeoirs reposent sur des saillies de la
roche. Les dévots y placent les cierges qu'ils offrent à la
«sainte»; ils frottent leurs corps et leurs membres malades avec
l'eau qui suinte sur la surface de cette icône pétrifiée dont la
protection est invoquée dans les cas des maladies de peau et des
yeux. Ceux qui souffrent d'eczéma (negal) ont une dévotion
particulière pour la «sainte» de la grotte. Sur les parois de la
grotte se trouvent beaucoup d' «ex-votos» : rosaires, croix,
médailles, peignes, mouchoirs, chemises et bérets, que les malades
laissent en croyant que dans ces objets reste enfermée la maladie
qui les afflige. Il y a aussi un tronc où les dévots mettent leurs
aumônes (aujourd'hui de la monnaie). Comme le tronc est démoli,
n'importe qui pourrait voler l'argent qu'il contient: on y trouve
beaucoup de billets de 10 et 20 francs. Dans la cavité qui est plus
loin que la stalagmite, nous avons vu plusieurs monnaies de bronze du
siècle dernier, françaises ou espagnoles. Elles y ont sans doute
été lancées non pour payer les frais que provoque l'entretien du
sanctuaire, mais pour la soi-disant sainte qu'on y vénère et
uniquement pour elle; l'endroit presque inaccessible où elles ont
été jetées montre que les donateurs ne voulaient pas que ces
monnaies tombent dans des mains humaines.
Un
berger du coin et les pèlerines d'Itxassou m'ont dit qu'il y eut un
temps où les habitants de la maison d'Arrusia avaient fermé la
grotte avec une porte et commencé à percevoir un droit d'entrée
sur les gens qui venaient visiter la «sainte». En peu de temps,
toutes les brebis de Arrusia furent accidentées en se précipitant
en bas de la montagne. Les gens d'Arrusia comprirent alors que
c'était le châtiment envoyé par Arpeko Saindua et rouvrirent la
grotte. On y célèbre tous les ans le jour de la Trinité un
pèlerinage qui consiste surtout en danses. Y vont des groupes de
jeunes des deux sexes des villages voisins. Il y a là une dévotion
et un culte qui ont persisté malgré l'opposition des prêtres
chargés des paroisses voisines.
LES
PIERRES SACREES
D'autres
pierres sont considérées comme ayant quelque chose de sacré, parce
qu'elles sont en rapport avec quelque saint ou d'autres personnages
mythiques. Il en est ainsi des pierres lancées par Sugaar depuis
Muskia (Ataun), par Gentil à Markola (Cenarruza), par Mikolas à
Altxispe (Larrabezua), par Samson à Ursuaran (celle qu'on appelle
Aitzorrotza), par Roland à Aralar (le menhir de Ata), etc… Il faut
signaler spécialement les roches de Igoin (Amezqueta) et la «
pierre de la Vierge mère » (Amabirjinaarri) en Aralar sur lesquels
les dévots déposent des offrandes, et celles de Arretxinaga
(Marquina) où existent deux autels consacrés à saint Michel et
sainte Polonia.
Ces
remarques et ces faits nous situent dans une ambiance où la stèle
discoïdale trouve son contexte le plus approprié et le plus
authentique. Nous savons maintenant que la stèle discoïdale,
abandonnée depuis longtemps dans beaucoup de localités, remplit
encore quelques-unes de ses anciennes fonctions dans de nombreux
cimetières du pays. Elle signale évidemment l'emplacement de la
sépulture à la tête de laquelle elle est érigée. Dans plusieurs
cas elle porte même une inscription avec le nom de la maison à
laquelle elle appartient et sans laquelle elle n'aurait pas de sens.
Ainsi, comme la tombe est une partie de la maison, la stèle est un
monument funéraire lié au patrimoine domestique. Dans la tombe,
sont les restes des trépassés qui continuent à faire partie du
groupe familial, et la stèle discoïdale nous le rappelle et
représente les croyances et les coutumes qui s'y réfèrent.
LA
STELE DISCOÏDALE
En
fait les menhirs et les stèles anthropomorphiques, les croyances
animistes qui auréolent ces monuments et les noms même qui les
désignent dans certaines localités du Pays Basque nous induisent à
considérer les stèles comme des représentations de statues des
défunts.
Cette
interprétation qui est la nôtre coïncide avec celle que nous a
laissé la tradition. La stèle occupe à la tête de la sépulture,
panthéon domestique, le même emplacement que Austarri dans les
antiques foyers pastoraux, au côté de la tombe traditionnelle.
L'offrande de lumière que l'on dépose encore aujourd'hui au pied de
la stèle en certaines occasions était déposée auparavant au pied
de Austarri, c'est-à-dire la pierre du foyer. C'était le feu béni
du foyer et de la lumière de la cire que fabriquent les abeilles.
La
stèle dans le long développement de son histoire paraît liée à
une conception de la vie. Les plus anciennes formes ressemblent à
celle de la figure humaine comme le menhir supposé de Ata en Aralar
et une douzaine de sa lignée dispersés dans les montagnes du Pays
Basque: celles de Javier qui sont peut-être antérieures à l'époque
romaine; celles du dolmen de San Martin de Laguardia (pour le moins
de l'eneolithique) ; les silhouettes anthropomorphiques de Sarracho
et Santorcaria du comté de Trevino (de l'époque wisigothique ?);
les stèles médiévales de Arguineta; les «sœurs» pétrifiées,
les Mormas de Los Arcos; les stèles de Biokoitz-azpi (Alsasua)
d'époque indéterminée, etc.. Ajoutons à cela que les stèles
discoïdales les plus anciennes du Pays Basque représentent
clairement la silhouette humaine.
Avec
de pareils antécédents et la multiplication des maisons (etxeak) et
des foyers permanents se produisit une extraordinaire floraison de
stèles qui font du Pays Basque le pays le plus épigraphique de ce
côté de l'Europe.
Nous
savons que la forme discoïdale et anthropomorphique s'étend plus ou
moins dans de larges territoires en dehors du Pays Basque, fait que
nous devons garder présent à l'esprit pour une meilleure
compréhension de ces monuments. Mais ici, nous nous sommes limités
à signaler leur possible origine spirituelle ou l'idée qui leur a
donné vie et signification pendant des siècles sur notre terre et à
présenter seulement quelques images de stèles discoïdales de
différents modèles, inscriptions et décorations prises dans
l'inventaire que nous avons réalisé en Labourd et Basse-Navarre à
la demande de la Commission supérieure des monuments hstoriques de
la France (26).
ORIGINE
DE LA STELE
Nous
ne savons pas l'origine de la stèle discoïdale. Quelques
exemplaires sont aussi anciens que ceux qui jusqu'à présent ont été
signalés dans d'autres pays, par exemple ceux de Javier et de
Liedena recensés par le P. Escalada (27).
Ses
antécédents possibles, les menhirs anthropomorphiques, ne manquent
pas en terre basque, bien que l'attribution préhistorique de pareils
monuments ne soit pas prouvée et ne doive être acceptée sans
réserve.
L'environnement
spirituel capable de les créer et de les conserver vient de
plusieurs siècles avant. Les plus anciennes ne portent aucune date.
Parmi celles qui en ont, figure une tombe d'Isturitz de l'année 1501
d'après Colas. Mais il est indubitable que parmi celles de
Arguineta, il en existe qui sont des jalons médiévaux et offrent un
rattachement ou un enchaînement avec les époques antérieures.
Sa
forme est très ancienne et deux de ses noms, «l'homme de pierre»
(harriguizona) et «la lune» (hilargia), rappellent diverses
croyances de la mythologie basque. Figures et symbole des trépassés,
la stèle est, aux temps anciens, le monument qui signale une tombe
et représente un foyer (28). Plus tard, elle commence à témoigner
de son appartenance à une personne et à une famille.
Après
une époque de floraison, le XVIIe siècle, elle est
tombée en désuétude au point que, à la fin du siècle dernier,
personne ne mettait de stèle discoïdale sur sa tombe. Maintenant
elle réapparaît à nouveau sur beaucoup de sépultures en réaction
contre le goût iconoclaste des dernières décades du XIXe
siècle.
ASPECTS
ET ELEMENTS DE LA STELE
Dans
les pages précédentes nous avons décrit les traits de l'ambiance
culturelle dans laquelle sont nés ces monuments. Nous allons
signaler brièvement les éléments qui les constituent.
Dans
nos stèles la forme de la tête est nettement discoïdale dans
presque tous les cas anciens, et la partie inférieure reproduit la
silhouette du torse humain. Il en est ainsi de la stèle de Lantabat
(Ascombeguy) avec la représentation de la terre avec une croix en
tau plantée sur elle, du soleil, de la lune et d'une étoile ; des
stèles de Sorhapuru, Jatsu, Louhossoa (monogramme IHS stylisé)
Sorhapuru, Jatsu (monogramme IHS stylisé), Louhossoa (étoile à
huit pointes), Gréciette (croix
de Malte), Ainhice-Mongelos (croix pattée), Cibitz, Saint-Martin
d'Arberoue (fleur à six pétales), Bellocq (croix
de Malte et sceau de Salomon), Aincille (croix pattée, fleurs et
sceau de Salomon), Garris (croix grecque). D'autres ont, inscrite
dans le disque, une figure humaine. A Sorhapuru, c'est une silhouette
humaine aux bras étendus; à Béguios, une croix chargée au centre
d'une tête humaine sculptée. Une plante de pied est représentée
sur une stèle d'Arbonne.
Nombreuses
sont les stèles ornées de figures d'astres ou d'objets célestes.
Ainsi les stèles de Lantabat, Gréciette (un arc en ciel), Belloc
(des rayons de lumière, la lune, la terre avec la croix, une
étoile), Saint-Martin d'Arrossa (un quartier de lune et la terre
surmontée d'une croix), Irouleguy (la lune), Larceveau (la lune,
deux étoiles et la terre), Beguios (la lune et une croix dans les
coins desquels figurent un disque et un triangle).
Des
stèles avec figures d'oiseaux se trouvent à Larressore, Arbonne
(IHS et deux oiseaux), Ainhoa (IHS, croix et fleur à six pétales),
Jatxu (IHS et deux oiseaux), Camou-Mixe (un oiseau avec la croix et
la date de 1786), Beguios (lune, disque, deux étoiles dans les coins
d'une croix), Sumberraute (deux soleils, deux étoiles, un cœur,
deux oiseaux, des instruments de fileuse et la date de 1642).
Le
swastika (29) est un autre signe très fréquent dans les stèles
discoïdales. Une de Greciette en compte trois, une autre du même
endroit, un seul; à Larceveau, un ; à Bidarray, un ; à Juxue,
deux.
Il
y a des cas où en superposant ou croisant les lettres du monogramme
IHS, on a eu l'intention de représenter un swastika ou une croix.
C'est le cas des stèles de Souraïde, de deux de Greciette, de celle
de Garris qui combine le monogramme avec les lettres alpha et oméga,
d'une de Belloc.
L'étoile
pentagonale figure sur beaucoup. A Ascombeguy avec une croix au
centre et des losanges aux angles, à Beguios, Espelette, Greciette,
Ainhice-Mongelos, Saint-Martin d'Arrossa, Isturitz, Cibitz (six
stèles), Suhescun (avec fourche et houe dans les angles), Larceveau.
Le
sceau de Salomon apparaît sur des stèles de différents villages. A
Gréciette il encadre une étoile; à Isturitz, dans un cercle à
rayons, à Lecumberry, à Cibitz, à Larceveau, avec la croix, le
swastika et une étoile à huit rayons, à Aincille avec des disques
dans les coins et la date de 1651.
La
fleur qui semble parfois un peu dérivée du swastika est un autre
motif symbolique ou simplement décoratif auquel ont recouru souvent
les sculpteurs des stèles.
Nous
pouvons la retrouver à Espelette, Itxassou, Louhossoa, Ascombeguy
(avec des disques et une inscription), Bidarray, Isturitz. Le décor
en bandes denticulées a été assez employé. On en a des exemples à
Halsou, Jatxu, Villefranque, Mouguerre, Isturitz.
Le
nom de la maison n'apparaît pas souvent inscrit sur la stèle. Sur
les stèles anciennes, il n'y a en général pas d'inscription.
Viennent d'abord les emblèmes et le nom de la maison à laquelle
appartient le monument. Cela se dégage des exemples que nous
connaissons le mieux comme celle d'Isturitz, recueillie par Colas,
celle d'Ainhoa, d'Urrugne avec le nom de Mourguicoa et une fleur à
quatre pétales, celle d'Itxassou avec le nom Haitsiuartia. Dans les
derniers temps figure le nom du chef de famille pour indiquer à qui
appartient la tombe. Il y a un certain nombre de stèles où figure
le nom d'un ou plusieurs défunts comme celle d'Itxassou où lit
l'inscription: «Martin de Basteretche Lanciantcico iaunaren
hilberria eguina Maiatcaren, 13-1660 ».
Les
figures des instruments particuliers aux travaux auxquels se sont
livrés ceux qui sont ensevelis ou à quoi la maison se consacrait ou
quel était son rôle, sont nombreux. Sont représentés les
instruments de laboureur, de berger, de forgeron, de carrier, de
charpentier, de tisserand,
de fileuse, de chasseur. Ainsi, sur une stèle d'Ascombeguy se voit
une charrue composée des deux éléments, soc et couteau, qui
travaillaient ensemble sans être confondus. Sur la stèle apparaît
l'inscription: «Ic iacet Pedro de Cerniric ann 1660». Dans la stèle
de Mendionde, il y a des outils de travail, des râteaux, des houes à
deux dents, des pelles entre les bras d'une croix de Malte. Sur celle
de Greciette, il y a une enclume avec la croix de Malte, une étoile
à cinq branches et cinq swastikas ou «lauburu». Dans celle de
Labetze se voit une faux (beloi) et la date 1613. Celle de Belloc
montre une main et divers instruments de jardinage: une autre
présente en plus le soleil, la lune, un swastika à branches
multiples et la date 1564; une autre, une charrue (goldenabar)
accompagnée du monogramme IHS et d'un cœur. A Suhescun, on voit une
bêche et un coutre de charrue entre les rayons d'une étoile
pentagonale. A Beyrie, sont représentés les instruments de la
fileuse avec la date 1626. A Sumberraute, apparaissent divers
instruments de la fileuse
(dévidoir, fuseau et quenouille) avec une croix aux angles de
laquelle il y a un IHS et la date 1602; dans la même localité une
autre stèle porte aussi les instruments de la fileuse
et une autre une charrue (golde-nabar). Les stèles dans lesquelles
apparaît le monogramme de l'IHS sont très nombreuses. Citons comme
exemple la stèle d'Isturitz de 1501, celle de Biriatou, de
Larressore, de Halsou qui a, en plus, un swastika multiple, celle de
Jaxu où le IHS est combiné avec un M et une croix. A ce style se
rattachent beaucoup d'autres où varie le monogramme selon que les
lettres sont combinées en différentes formes ou qu'elles
s'adjoignent de nouvelles lettres et formes de croix. La croix
grecque est aussi fréquente généralement associée aux autres
symboles comme l'IHS, un cœur, des cercles, des fleurs de lis, une
étoile pentagonale, le sceau de Salomon, des disques à rayons, des
figures astrales. La croix latine est moins fréquente. Quelquefois
les bras se terminent en fleur de lis, comme celle de Bustince de
l'année 1618 et celle de Garris de 1668. La croix de Malte est très
employée en diverses formes que les sculpteurs combinent avec divers
symboles, emblèmes et autres types de croix. Quant aux formes de
croix on trouve pour 150 stèles prises au hasard: croix
de Malte. 54; de Calatrava, 24; grecques, 22; latines, 8; tréflées.
8; recroisées, 7; pattées, 6; de Santiago, 5; fleuries, 3; fleur de
lisées, 3; potencée, 1; patriarcale, 1.
CONSIDERATIONS
FINALES
Nous
ignorons d'où vient la stèle discoïdale. Il est possible qu'elle
procède des vieux menhirs ou des cromlechs. Ses formes et ses noms
actuels favorisent cette orientation. Mais il s'agit d'un fait
historique qu'on ne peut reconnaître en tenant compte seulement des
similitudes de formes, aussi grandes que soient les approximations
qui s'en suivent.
Il
est indubitable que sont arrivées ici des formes venues des quatre
points cardinaux et qu'elles ont été adoptées, tantôt comme
expression symbolique de réalités profondes, tantôt comme des
motifs décoratifs; aussi les croyances chrétiennes et leur
symbolisme sont venus interférer puissamment avec les vieilles
formes et leur ont insufflé une nouvelle vie; mais les unes et les
autres ne sont pas capables d'expliquer l'origine des stèles
discoïdales, ni même leur existence actuelle. La ressemblance des
formes peut être en certains cas un indice valable ; mais la pensée
à laquelle obéit l'origine d'une fonction et d'un monument peut
rester inconnue, même après que sont connus le matériau, la forme,
le tracé et les figures des étoiles, tous éléments par eux-mêmes
polyvalents. Et tant que nous ne savons pas la pensée qui a fait
surgir et conserver les stèles, celles-ci continueront à être une
énigme pour nous-mêmes. Heureusement l'emploi des stèles
discoïdales s'est maintenu jusqu'à nos jours (30) et, si nous
n'avons pas assisté à leur naissance, nous avons connu et vécu
quelques-uns des motifs auxquels obéit leur conservation, et même
l'ambiance dans laquelle ces monuments ont un sens et une
explication. Décrire les motivations et mettre au clair quelques-uns
des traits de la mentalité qui les anime, c'est ce que nous avons
cherché un peu systématiquement dans les paragraphes précédents.
L'ambiance dont ils font partie sont: la croyance dans la survie,
l'apparition et la présence des morts, dans l'identité du réel et
de ses figurations et dénominations, l'identité de l'âme, ou
simplement celle du défunt et de la lumière, dans l'étoile et la
lune, le sépulcre et l'autel, l'utilisé matérielle et spirituelle
des offrandes de lumière et de nourriture, l'identité de la maison
et de la sépulture, etc. Dans ce milieu, la stèle est «chez elle»
(31), elle s'v est conservée et pourrait continuer à s'y conserver
indéfiniment.
On
a dit que la forme discoïdale est un héritage direct des vieilles
tombes ibériques (32) mais maintenant nous savons que cela pourrait
ne pas être vrai, puisqu'au Pays Basque de telles formes existaient
à cette époque, peut-être même avant. Nous savons encore que la
stèle primitive est anonyme et fréquemment anthropomorphe, ce que
paraissent confirmer nos recherches. Elle signale la tombe d'une
maison, non celle d'une famille ou d'un individu, et cela semble
aussi confirmé. Les symboles astraux des tombes basques sont de
tradition ibérique, ce qui est possible mais non démontré, étant
donné que la mentalité qui les postulait existait probablement dans
le pays basque lui-même. Il y a là des motifs variés des symboles
et des éléments décoratifs : beaucoup de ces monuments sont formés
d'éléments géométriques groupés symétriquement. Les
inscriptions sont généralement en relief: les motifs décoratifs
n'ont pas été inventés par les sculpteurs basques (mais cela n'a
pas été démontré). Le swastika (33) et le sceau de Salomon ont
été adaptés à la religion chrétienne et, par cela, acceptés par
les Basques. Ceci, au moins à notre avis, est possible. Les étoiles
pentagonales et hexagonales sont un écho des corps de métiers
médiévaux, mais il faut garder présent à l'esprit que les
premières étaient déjà connues au pays basque (la pierre de
Asteguieta). Les instruments des différents métiers qui figurent
sur les stèles basques sont un écho d'une tradition déjà connue,
mais il n'est pas démontré que les Basques ont eu besoin des
Gallo-Romains pour savoir que leurs morts exerçaient les métiers de
fileuse, de laboureur ou de chasseur.
Nous
savons aussi que «tout est emprunté», mais cela n'est pas plus
admissible, étant donné que la plupart des symboles que
représentent les stèles basques paraissent au moins dans leur
dernière étape répondre aux exigences de la mentalité ou du
milieu basque. Il est indubitable que cette dernière observation
doit être prise en compte pour interpréter les stèles et autres
faits à travers lesquels transparaît un processus historique. Dire
qu'il n'y a rien d'original dans les éléments d'un complexe
culturel dont les apparences visibles ont des exemples dans d'autres
pays, c'est aller trop loin. D’aprés un tel code, il n'existerait
aucun peuple original par le monde.
Dans
les rites funéraires que nous venons de signaler, nous découvrons
un système de valeurs collectives dans lesquelles la stèle
discoïdale se conserve et garde un sens. A sa base apparaît la
solution que le peuple basque comme d'autres a donné à un des
problèmes fondamentaux de l'humanité : quelle est la mission de
l'homme dans le monde? Ainsi nos ancêtres ont orienté leur vie en
conservant comme idéal, bien qu'il les transcende infiniment, je
veux dire d'aller à Dieu.
De
nombreux symboles propres à ce système, parmi divers éléments
inspirés d'autres conceptions et importés d'autres pays et de
nombreuses formes et signes «sacralisés» au cours des siècles,
nous arrivent comme des résidus d'un ensemble culturel qui
conservent encore une vague apparence d'antiquité. Dans une telle
situation, la mort et la survie d'un homme sont considérées comme
des faits normaux qui ont leur justification dans les idées et les
sentiments qui surgissent du système. Comme surgit aussi la
certitude que la mort a été un des événements qui ont posé au
Basque de la façon la plus angoissante le terrible problème de son
existence.
Les
rites, cérémonies et symboles avec lesquels le Basque a exprimé et
enveloppé la mort nous révèlent aussi ses conceptions
particulières de la survie et du passage d'un mode de vie à un
autre ; certainement quelque chose de très important pour sa vie
personnelle et pour son entourage. C'est pour tous une forte secousse
et un pas inévitable à franchir, -—accepté avec confiance dans
l'espoir d'un futur heureux — un pas que précèdent divers signes
et choses qui l'adoucissent et l'orientent, et que suivent de
nombreuses observances qui soulagent le défunt et assurent dés
relations d'entraide entre les vivants et les morts dans une demeure
mystique commune qui est la maison. Il semble que cela a été une
constante au long de toute l'histoire de notre peuple.
Dans
les derniers temps, l'idéal chrétien concrétisé dans un modèle à
imiter qui est le Christ, a occupé un centre de vision et d'espoir
dans le cadre étroit de la vie du peuple basque. A son côté et
s'entremêlant avec lui, —et par moments renforcés par lui—
apparaissent les éléments du vieux système comme le « substrat »
d'un monde de représentations qui culminait depuis des siècles.
Sur
l'une et l'autre conception, mais surtout sur le groupe des croyances
et coutumes de la tradition la plus ancienne est venue s'articuler la
stèle discoïdale, comme effigie des trépassés, autel, symbole et
représentation de la maison. Les phases de son processus historique
au Pays Basque peuvent être reconnues depuis la stèle du dolmen de
San Martin (Laguardia), le soi-disant menhir de Ata (Aralar), les
stèles préhistoriques de Javier et de Liedena, les figures
anthroporphiques de Sarracho (Albaina), les stèles de Arguineta
(Elorrio), etc., jusqu'à aujourd'hui, avec un contexte détaillé
qui ne nous a été accessible que ces temps derniers et sans lequel
nous n'aurions pas eu la connaissance de tous ces monuments (34).
(1)
L. COLAS: La tombe basque Bayonne, 1923, p. 7. Pierre LAFITTE: Gure
Herria, Bayonne, 1965.
(2)
Euskalerriaren Yakintza, tome 1, page 214 (Madrid 1935).
(3)
Ces chandelles sont formées de mèches enduites de cire d'un
diamètre d'environ un demi-centimètre enroulées sur elles-mêmes
comme des pelotes. Dans les provinces basques françaises,
particulièrement en Soule, on les nomme «eskua» (N. d. t.)
(4)
Signe symbolique à trois éléments courbes en usage dans les
civilisations méditerranéennes et celtiques. Le swastika s'est
conservé en Pays Basque sous la forme de la croix «basque» (N.
d. t.).
(5)
Corografia... de Guipuzcoa, p. 194, Barcelone, 1882.
(6)
Cosas memorables de Guipuzcoa, T. II, Bilbao, 1967.
(7)
Cosas de Antano (choses d'autrefois). Revue Internationale des Etudes
Basques, Tome XIV, Avril-juin 1923.
(8)
Ikuska, 1949, p. 35.
(9)
Eusko folklore, première série, 1926, p. 43.
10)
Annuaire de Eusko-Folklore, III passim.
(11)
J.-M. de BARANDIARAN: Matériaux pour une étude du peuple basque à
Uhart-Mixe, in Ikuska, N° 6-7.
(12)
P. LAFITTE : Atlantika Pirene-etako Sinheste zaharrak (Gure Herria,
p. 8, Bayonne, 1965).
(13)
Cf les «charitons» de Normandie.
(14)
Le mot espagnol «obsequiado» est curieusement apparenté au mot
«obsèques» désignant en français la cérémonie funèbre. Qui
dit obsèques dit régal. Persistance des mêmes traditions dans le
vocabulaire. (N. du t.)
(15)
P. LAFITTE, op. cit.
(16)
Annuario de Eusko Folklore, T. V, p. 62, Vitoria, 1925.
(17)
Jose Miguel de BARANDIARAN: Mitologia vasca, Madrid, 1960.
(18)
La législation française, sous prétexte de salubrité, a cherché
à mettre fin à cette coutume. Il est heureux que le bon sens et la
ténacité paysanne aient maintenu la présence de nombreux «champs
du repos autour des églises de campagne» (N. du t.)
(19)
J.-M. de BARANDIARAN: Excavaciones arqueologicas en grutas
artificiales de Alava, Vitoria, 1968.
(20)
J.-M. de BARANDIARAN: El arte rupestre en Alava, Zaragoza, 1920.
(21)
J.-M. de BARANDIARAN: Eusko folklore, 1926.
(22)
Revue de l'histoire des religions, Tome 131, N° 1, janvier-février
1940.
(23)
Jean BARBIER : Légendes du Pays Basque, Paris, 1931, p. 20.
(24)
Arpeko saindua, à Bidarray.
(25)
Plus connu sous le nom de Pont du Diable (N. du t.)
(26)
Les fiches originales de cet inventaire (figure, dimensions,
situation et appartenance) atteignant le nombre d'un millier, ont été
déposées au Ministère des affaires culturelles à Paris.
(27)
Fco. ESCALADA: La arqueología en la villa y Castillo de Javier y sus
entornos, Pamplona, 1942.
(28)
Au Moyen Age, un «feu» (N. du t.)
(29)
Il s'agit d'un swastika curviligne composé de quatre virgules et
appelé croix «basque» ou «lauburu» (N. du t.).
(30)
Voir à ce sujet l'étude parue dans "Corde Magno" N° 109.
N.-D. de Belloc (N. du t.).
(31)
«At home» écrit Barandiaran.
(32)
Louis COLAS: La tombe basque, Bayonne, 1923.
(33)
Il s'agit bien entendu de la croix «basque» dite «lauburu»; le
swastika antique aux branches coudées à angle droit qui figure sur
les monuments de l'époque romaine ne se rencontre pas sur les tombes
basques (N. du t.).
(34)
L'auteur fait allusion aux missions de recensement des stèles
discoïdales du Pays Basque français qui lui ont été confiées par
le Ministère des affaires culturelles entre 1950 et 1960 (N. du t.).
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