Michel Duvert: Les stèles discoïdales basques, Zodiaque aldizkaria. Ez ateratzen
Les
stèles discoïdales basques
Michel
Duvert
Lauburu,
Eusko Ikaskuntza
Trimestriel
Zodiaque, n° 156, avril 1988
Cahiers
de l’Atelier du Cœur Meurtry, Abbaye Sainte-Marie de la
Pierre-qui-Vire, Yonne.
Comment
parler des ces monuments? Nous avons de nombreuses données les
concernant, mais ces savoirs sont éparpillés, certains ne semblent
concerner que très indirectement le thème. Aucune connaissance
véritable n’émerge des ces données dont beaucoup sont très
récentes et donc fortement marquées par la personnalité des
chercheurs, leurs options, leur méthodologie. Ceretains de ces
savoirs ont abouti à des impasses dans la mesure où de trop
nombreux chercheurs ont placé leur démarche hors de tout paysage
culturel basque, dans des «ailleurs» où nos discoïdales n’ont
jamais été et où elles n’existent pas. En fait, ces œuvres
souffrent d’un double handicap: elles s’inscrivent dans un
contexte populaire qui est soit déprécié («follklorisé»), soit
célébré en termes obscurs par des «spécialistes». Elles se
trouvent soit en France, soit en Espagne, mais jamais en Euskal
Herri. Œuvres non élaborées traduisant une humanité de tout temps
et de tout lieu, les discoïdales sont comme nous, mémoire étouffée
d’un vieux peuple voué aux ténèbres de l’histoire.
Le
voyage que nous proposerons ici au lecteur est tout autre. Nous
voulons nous immerger en nous-même, sans complexe et avec un maximum
de profondeur et de lucidité, afin de retrouver l’Homme, mais
habillé en basque. Nous chercherons à dessiner des contours de
cette mémoire en acte (notre culture), qui se constitue, à travers
les chemins jalonnée par les aventuriers qui nous ont laissé ces
témoignages de pierre. Sans eux nous serions, mais autrement; c’est
dire combien notre regard manquera de détachement.
Définition,
qu’est-ce qu’une stèle discoïdale?
Chaque
stèle discoïdale est fondamentalement un moment de l’histoire des
rapports que nous ne cessons de nouer avec la mort. Elle n’est que
circonstances échappées à jamais à notre regard. Elle est le
jalon de paysage culturel disparu à tout jamais; elle est écho de
discours perdus.
Le
bon sens commun nous fait dire que la discoïdale est un monument
funéraire, au moins en Pays Basque Nord. Bien que ceci ne soit pas
une définition, on ne peut guère aller plus loin. Il n’y a
actuellement aucune définition qui puisse rendre compte de la
totalité de ce monument. En fait, cela n’a aucune importance, le
tout est d’en être conscient. Si nous voulons faire une approche
rationnelle de la discoïdales, il nous faut utiliser des définitions
opérationnelles qui permettent d’agir. La richesse de définition
d’un même objet ne fait que traduire la diversité des points de
vue que nous avons sur lui. Il y a des lectures des
discoïdales, elles apportent souvent des données éclatées, qu’il
faut mettre sans cesse en correspondances, afin d’éclairer notre
quête et nourrir notre propre conscience. Le danger à éviter à
tout prix étant celui de bâtir des systèmes explicatifs; ils ne
peuvent satisfaire que notre propre vanité. Le lecteur ne trouvera
ici aucune certitude, même pas une définition.
Abbaye Notre-Dame de Belloc, la collection de stèles basques anciennes. Elle se trouve actuellement au centre d'interpétation de Larceveau. |
En
quoi est-elle basque?
Cette
question nécessiterait un très long développement dans la mesure
où il nous faudrait parler de culture basque.
L’origine
de notre peuple n’est pas connue; ce n’est pas là une grande
originalité. En revanche, la langue basque, dans l’état de nos
connaissances, est unique au monde; c’est un très exceptionnel
privilège. Les études conduites à ce jour, dans divers domaines
(anthropologie physique, sérologie, langue, droit, archéologie…)
montrent une présence basque le long de la chaîne pyrénéenne, de
la Méditerranée à l’Atlantique et de l’Ebre à la Garonne, au
moins. On parlait du basque dans ces régions (témoignages
toponymiques, historiques...) dès le troisième millénaire avant
notre ère, c’est-à-dire à l’époque où les Indo-Européens
absorbaient peu à peu les vieux peuples constituant l’Europe de
ces époques (voir notes bibliographiques 1, 2, 3). Les Romains
rencontrèrent ici des gens de culture basque, groupes ou entités
(ou «peuples» à l’intérieur d’ensembles plus vastes comme
l’Aquitaine, par exemple, qui sera repérée sous le nom de
Vasconie au haut Moyen Age. Ce monde Wascon ou vascon, au Nord de la
chaîne, se scindera plus tard, sur le plan linguistique, en Gascons
et Basques des sept provinces actuelles.
Les
œuvres dites basques sont fondamentalement des créations
pyrénéennes. Elles nous parlent de l’homme pyrénéen, depuis sa
province restée bascophone Deux points restent à définir.
Dans
la mesure où le peuple baque est ici effectivement chez lui depuis
les temps préhistoriques, comme le propose avec beaucoup de
vraisemblance José Miguel de Barandiaran, les discoïdales que nous
connaissons ne représentent qu’un éclair dans son existence.
Elles parlent de types de basquitude de temps et de lieux réduits.
Sur
quelles bases tracer les aires de distribution des stèles basques,
Comment établir les temps et les lieux de ces basquitudes?
Existe-t-il des «seuils critiques» par rapport auxquels des œuvres
commencent à être ou finissent d‘être basques, Il y a des
catégories inopérantes et:ou des problèmes mal posés qui limitent
sévèrement notre approche.
Derrière
ces deux questions se profilent les contextes mal ou non connus, sans
lesquels il est illusoire de parler de stèle basque. Nous
voyons à nouveau que nous sommes réduits à des définitions
purement opérationnelles, à des collectes de fragments de savoir
les plus divers. Les études sur les discoïdales basques souffrent
beaucoup de ces réductionnismes dans lesquels les pratiques
«instrumentalistes» (les méthodes des chercheurs) pèsent beaucoup
trop lourdement et de façon incontrôlée.
Les
erreurs
Décrire
les discoïdales en parlant de leurs images (en termes de spécialité,
pour se rassurer), parler de leur état de conservation, des
conditions de leur survie ou de leurs longues vies, etc., c’est
uniquement situer des étapes. S’arrêter à l’une des ces
étapes, c’est fermer la porte à toute aventure, dans la mesure où
c’est parler à leur place sans les écouter.
José
Miguel de Barandiaran, le premier, nous a appris à esquisser les
paysages culturels dans lesquels ces œuvres font sens. Jusque-là,
on n’avait jamais cherché à voir en elles les fragments de
discours perdus, issus de pratiques qui constituent et mettent
en scène un englobant qui est notre mémoire en acte, notre culture.
Hors de cette perspective, nos discoïdales ne sont que des papillons
desséchés, des curiosités de musée, des passe-temps de
collectionneurs. Or nous exigeons beaucoup plus d’elles car nous
voulons savoir de quoi nous sommes l’émergence; afin de continuer
le chemin, confiants, parce que conscients.
On
comprend alors pourquoi les études menées en dehors de tout
contexte basque sont décevantes, pour ne pas dire inadéquates. Ces
types d’approche nous renvoient une image péjorative de
nous-mêmes. Philippe Veyrin, par exemple, illustre bien cette
tendance. A la suite de Louis Colas, il voyait dans nos tailleurs de
pierre des êtres primaires, sans conscience de leurs actes, qui
combinaient astucieusement des formes jaillissant spontanément sous
leurs doigts par le fait même qu’ils utilisaient règle et
compas. Cette génération spontanée, faite de rencontres fortuites
répétées donne un cachet rustique, authentique et savoureux à
tout cet art proche de la nature et pétri de naïveté. Mais alors,
comment expliquer qu’à travers ces glissades successives ait pu se
former un art basque que l’on ne saurait confondre avec nul autre?
Car aux XVIe XVIIe et XVIIIe
siècles, les monuments funéraires que nous produisons en Pays
basque Nord, en particulier en ce qui concerne les discoïdales, sont
uniques en Europe, leur originalité est incontestée.
Cette
vision naïve débouchait sur une constatation: il n’y a pas d’art
basque… Il existerait par contre un «art populaire» au Pays
Basque. Il est fait d’éléments présents «un peu partout» et à
«toutes les époques». Le Basque est alors caractérisé par le le
fait qu’il a su se laisser habiter par des «ailleurs». Ce ne sont
là que des paradigmes d’intellectuels qui ont cessé de nous
impressionner. Depuis José Miguel de Barandiaran, nous avons appris
à mettre en forme les matériaux pouvant éclairer notre aventure
collective? Nous n’avons plus de complexe. Nous savons que nous
pouvons regarder en nous avec vigilance et acuité (4).
Des
incertitudes
Toute
information naît de la conjonction de trois participants: 1-
l’observateur avec ses limites et ses préjugés; 2- la méthode
mise en œuvre (la pertinence des questions posées); 3- l’objet
constitué de toutes pièces (objet en tant que concept et réseau de
relations qui le déterminent). Cette triade baigne dans l’air du
temps, vogue au gré du génie et de l’astuce, et débouche sur des
avoirs qui se construisent (en «toute objectivité» pensent les
scientistes). Il n’y a pas de voie royale qui nous conduise à «la
vérité». Il n’y a que des chemins multiples qui nous permettent
d’aborder, sous des angles différents et nécessairement
complémentaires, ce qu’il est convenu d’appeler «stèles
discoïdale basque». C’est à ce type d’approche que nous
convions le lecteur, en affirmant avec Karl Jaspers:
«Seul le savoir critique et conscient de ses propres limites est
réellement scientifique».
Au
cours de ces voyages, nous ferons sans cesse la navette entre l’objet
«stèle», tel que nous croyons le connaître, et des paysages
culturels reconstruits à partir de fragments historiques (dans le
sens d’ethnographie du passé, de mémoire collective se
constituant). C’est dans cette dynamique, dans ces mises en
correspondances, que nous pouvons avoir des chances de restituer des
fragments de discours perdu, celui-là même qui nous constitue. Un
discours sur la discoïdale basque est nécessairement un discours
qui nous implique totalement.
Regard
sur l’histoire
Un
bilan
Les
caveaux ont été introduits dès la fin du XIXe siècle,
semble-t-il. D’abord en petit nombre et discrets, ils devinrent
vite vulgaires et envahissants. Comme partout (et nous devenions,
nous aussi, des basque «comme tout le monde»…). Ces monuments
succèdent aux sépultures en pleine terre surmontés d’une croix
ou d’une discoïdale. La croix se substitue de plus en plus à la
discoïdale à partir de XVIIe siècle. Au XVIe
siècle, la discoïdale devait dominer dans l’ensemble des sept
provinces, c’est très vraisemblable.
En
amont, tout devient flou, faute de document. Un fait semble se
dégager: celui du caractère local des productions et des types de
formes des monuments. Ce trait se dessine du haut Moyen Age au monde
romain. Dans le monde protohistorique , de rares témoignages
suggèrent que la discoïdale fut utilisée. Le jalon le pus ancien
de 2500 ans av. J. C. : dans la chambre sépulcrale d’un
dolmen en Alava (Pays Basque Sud), Barandiaran découvrit de petites
stèles anépigraphes à sommet arrondi. Cette observation ne restera
pas isolée. Là s’arrête notre fil conducteur. Constatons que les
Baques ont connu très tôt des monuments qui peuvent être reliés à
l’histoire des discoïdales historiques (5).
Des
visions non linéaires
En
fait cette histoire est très complexe comment le suggèrent trois
situations bien repérées.
Jacques
Blot a fouillé trois baratz (sortes de cromlechs, abondants
dès l’âge du fer, quelques siècles avant le Christ), qu’il a
pu dater (charbons, mobilier) des environs du Xe siècle
ap. J. C.. Dans la même optique, Telesforo Aranzadi et José Miguel
de Barandiaran ont été témoins du fait que les bergers se
signaient et récitaient des prières en passant devant ces
monuments, dans la montagne. Ils savaient que des morts étaient là.
De nos jours, baratz désigne la parcelle de terrain, sous
l’avant-toit des maisons où l’on enterrait les petits enfants
morts sans baptême ; par extension, ce mot est devenu le jardin
(mais, fait remarquer un témoin, baratz c’est le devant
même d e la porte, alors que le jardin est partout). Aucun baratz
ne content de discoïdale.
Au
Pays Basque Nord, il semble qu’il y ait eu une brusque «éclosion»
de discoïdales à une époque où le tailleur de pierre (hargina)
supplante de plus en plus le charpentier (zurgina). Cette coïncidence
est curieuse et amène à nous poser la question suivante: d’où
hargina tire-t-il toute cette imagerie qu’il déploie dans les
discoïdales. De quelle basquitude nous parle-t-il? Au XVIIIe
siècle, en Labourd, tous ces maîtres sont laboureurs et pratiquent
la taille de pierre, de père en fils. Dans bien de nos villages,
nous voyons plus des arts de famille que de l’art basque tel que
nous pourrions le concevoir d’un point de vue théorique. Et
pourtant cet art funéraire est basque (original) et cohérent, comme
nous le verrons.
Dans
le Labourd occidental, en plein XVIIe siècle, apparaît
brusquement, sans antécédent décelable) une forme tout à fait
particulière de monument et qui possède un type d’imagerie
propre : la stèle tabulaire. Son histoire viendra se mêler à
celle de la discoïdale (6).
Des
opinions contraires
Sous
l’impulsion d’Eugeniusz Frankowski, qui fit le premier grand
travail sur les discoïdales (1920), ces monuments furent interprétés
comme la représentation de l’homme (du défunt, de l’être).
C’est un des lectures vraisemblables. Le Pays basque ne compte que
de très rares pierres dont le contour évoque le buste de l’homme.
Mais, fait plus important, nous appelons ces pierres : gizona
(l’homme), harri gizona (l’homme de pierre), kurutze-buru
beltza (croix à tête noire). Mais cette appellation n’est
peut-être que secondaire, rien ne dit qu’elle fut générale, et,
enfin, il existe, à l’ouest de notre pays, de grandes stèles
prolongeant un groupe asturien riche en monuments entièrement
circulaires, dressés, et datant des premiers siècles avant notre
ère.
A
côté de cette conception anthropomorphique (pour ne pas dire
anthropocentriste), d’autres font remarquer, arguments à l’appui,
que le disque est le soleil rayonnant et non une tête qui devrait
être « sphérique » dans la cadre de l’hypothèse
précédente, ce que l’on voit effectivement en Catalogne (7).
C’est possible, mais en ce qui concerne notre pays, c’est loin
d’être évident.
Nous
pensons que la stèle est fondamentalement un cercle cosmique dressé
(8).
Quelles
que soient les lectures retenues (elles furent forcément variées
selon les lieux, les temps, les circonstances…), il est bien
difficile de croire que «la» stèle est née avec, d’emblée,
«une» signification bien précise. L’objet «stèle discoïdales
basque» est fondamentalement un espace conceptuel où sont projetées
nos propres expériences, si ce n’est, trop souvent, nos propres
désirs. C’est pourquoi, au lieu de faire entrer la stèles dans
une vision délimitée, nous avons toujours cherché à nous mettre à
l’écoute des mondes possibles qu’elle autorise et que souvent
elle accompagne (5, 6, 8, 9, 10, 11).
Regard
ethnographique
C’est
ici que nous avons le pus de matériaux, en particulier pour tenter
de reconstituer des paysages culturels dans lesquels nos monuments
prennent sens. Mais, ici aussi, les origines restent floues. A partir
de quand la christianisation constitua-t-elle le levain de nos vies?
Quand et comment la discoïdale devint-elle chrétienne? De quand
datent les cimetières paroissiaux, etc.
Résumons
quelques données essentielles.
Jusqu’au
XVIIIe siècle on enterrait dans l’église et au dehors.
Dans ce dernier cas, il y avait des discoïdales sur les tombes. Ces
dernières peuvent signaler des maîtres et des maîtresses de
maisons, des nobles…
Les
lieux de sépulture sont variés, de même les monuments funéraires,
ces derniers peuvent être de types différents et posséder des
imageries propres (plate-tombe d’église ou de cimetière, de
porche ou de nef; tabulaire, discoïdales, croix).
Il
existe des liens: catégorie de défunt, type de sépulture (et donc
imagerie), en particulier dans le cadre des tombes d’enfant.
Il
y a parfois un lien net entre la topographie du village, celle des
tombes de l’église, celle des tombes du cimetière.
Au
début de notre siècle, beaucoup de monuments funéraires étaient
peints, certains le sont encore régulièrement. Les couleurs
employées étaient variées : bleu, vert, ocre, noir, blanc.
Les imageries étaient donc sculptées et peintes. Parfois même, sur
des croix, elles étaient uniquement peintes ; dans quelques
cas, le monument est entièrement peint en blanc, sans aucune
indication (12).
Le
monument funéraire s’inscrit au sein d’un espace construit :
« l’espace funéraire » (5). Jusque dans les années
1950, dans bien des endroits, la surface de la tombe était
soigneusement ratissées, on faisait ainsi des dessins que l’on
complétait avec ces cailloux, des fleurs piquées… Ces pratiques
deviennent rares, mais, en règle générale, tous les samedis, les
tombes sont remaniées par les femmes.
Tous
les voyageurs de la fin du siècle dernier sont unanimes : les
cimetières basques sont des jardins remplis de fleurs, de parfums et
de chants d’oiseaux. Rien de sinistre. Rien qui étale la
suffisance et la vulgarité. De très rares représentations (y
compris photographiques) montrent les monuments funéraires enfoncés
dans le sol et inclus dans la végétation que l’on met à leurs
pied (des saxifrages essentiellement). Seul le tumulus est en fort
relief, sorte de houle figée. Comment concilier de telles vues et
les conceptions quasi emblématiques que certains donnent des stèles
discoïdales ? Si l’on songe de plus, qu’en dehors de la
Basse Navarre, il y a peu d’inscriptions sur nos discoïdales…
Enfin,
et ce n’est pas le moins important les maisons, par les femmes,
jouent un rôle clef dans les culte des morts, à même les
sépultures et, autrefois, dans les maisons.
Est-il
possible de gommer de tels contextes quant on prétend étudier la
discoïdale basque ? Peut-on faire comme si ce cadre ne jouait
pas… comme si la stèle était cet « objet à l’état
pur », qui n’existe que dans nos chimères?
Regard
de pierres
Émergeant
dans l'espace funéraire (5), laisses d'une culture en route, traces
d'une mémoire en devenir, les discoïdales
sont
avant tout des temps arrêtés, qualifiés. Veut-on approcher
exclusivement «l'objet stèle discoïdale» ? A nouveau le temps est
là, cyclique, journalier, saisonnier: la stèle vit une aventure
cosmique. Et elle est faite pour cette aventure. Le monument est
orienté Est-Ouest, à la tête du mort qui regarde chaque jour
l'astre se lever, la splendeur du Ressuscité. Le matin le monument
est écrasé de lumière, puis, peu à peu, le soleil, dans son
parcours, le «sculpte» de plus en plus. Peu avant midi les
imageries regardant à
l’est
sont dans toute leur splendeur. A midi cette imagerie disparaît dans
l'ombre. En tout début d'après-midi la face Ouest est à son tour
éclairée en lumière rasant; l'imagerie qui y figure se pare de
tous les éclats. Le soleil déclinant peu à peu, sa lumière écrase
de plus en plus le monument, gommant son imagerie que le crépuscule
absorbe. Parallèlement l'ombre du monument ne cesse de se déplacer
sur le sol. En fin de journée cette ombre s'allonge de plus en plus
sur le tumulus, comme pour le protéger et se fondre avec lui, avec
la venue de la nuit, le temps de Gaueko, l'inquiétante ténèbre
(ilhun)
où
tout s'arrête (hil
: mort)
et se noie dans l'évanescent (ilhaun)
(8).
La
taille de la pierre en champlevé est le moyen par excellence pour
jouer le rôle de capteur transitoire de lumière. Cette technique
est parallèle au développement d'un langage plastique somptueux qui
est fondamentalement un dialogue entre les pleins (les parties
laissées en relief) et les vides (la matière enlevée). L'ambiguïté
de lecture est parfois totale ; il y a ici un véritable «jeu de
langage» (9), où les parties en relief des imageries sont
inséparables de celles qui sont évidées (de la même manière
Braque dit : «Le vase donne une forme au vide et la musique au
silence»).
La
stèle discoïdale basque est fondamentalement un monde offert à la
lumière de Egu
(vieille
divinité plusieurs fois millénaire que l'on retrouve dans : eguzki
[soleil],
eguna
[jour],
etc.), lumière qui l'anime et qui, tour à tour, l'exalte et
l'efface. Pulsions et rythmes ne sont rendus possibles que par la
complicité des maîtres et de la lumière. Les stèles sont des
espaces de rencontres, de quêtes ; elles sont au-delà des signes
(elles sont plus que des monuments) et des imageries qui les
habillent.
La
confection des stèles relève de pratiques.
Celles
que nous venons de voir comptent parmi les pratiques fondatrices qui
assurent la permanence de notre basquitude, en dépit des modes et
des circonstances. Il y en a d'autres, nous le verrons. Toutes
signifient à leur façon notre personnalité se constituant.
Les
imageries
Il
est très difficile de parler des discoïdales en termes de symboles.
Ceci tient essentiellement à deux faits: la
plupart des symboles n'ont pas de définition objective. Il n'y a pas
de pavillon où sont déposés les étalon-rosace, étalon-besant,
étalon-croix fleurdelisée... La nomenclature repose sur une
certaine intersubjectivité;
elle se prête à toutes les distorsions, pour ne pas dire toutes les
manipulations.
Les
imageries ne sont pas des juxtapositions de «symboles»; le tout
n'est pas la somme des parties, nous le verrons.
L'homme
n'est pas un robot. La création est au-delà des réductionnismes et
des catégories. Qui saura ce que mettait en scène le maître qui a
fait telle ou telle œuvre? Que pouvait-il en dire? Qu'en disait sa
culture? etc. A défaut de répondre à sa place, essayons de nous
mettre à l'écoute de ces mondes disparus qui ont dû laisser
quelques traces en nous, ou des correspondances dans d'autres champs
de vie (les thèses fonctionnalistes ne sont pas pour nous déplaire).
Essayons
donc de voir s'il y a des plans d'organisation dans les imageries,
c'est-à-dire des cohérences, des mises en ordre, des niveaux de
complexité trahissant des préoccupations dont elles ne constituent
que la partie formelle. Tout d'abord, la notion d'imagerie est-elle
fonctionnelle? En d'autres termes, existe-t-il un niveau de lecture
de l'image globale qui ne nécessite pas de la réduire à des
éléments constitutifs totalement arbitraires (car résultant de
notre seule décision) ? La réponse est positive:
— D'une
manière générale, l'imagerie des discoïdales
n'est
pas celle des autres monuments funéraires, ni celle des linteaux,
des fonds de cheminées, des cendriers (haustegiak), etc.
— Dans
la mesure où l'on peut dater un grand nombre de discoïdales
aux
XVIe
et
XVIIe
siècles, on ne peut que constater que les imageries qu'elles
présentent sont, d'une manière générale, uniques en Europe (alors
que ce n'est pas nécessairement le cas des éléments, ou «symboles»
qui les constituent).
— L'imagerie
est dialectisée : des types d'imageries caractérisent des zones
définies de notre pays.
— L'imagerie
est périodiquement renouvelée dans certaines zones, alors
qu'ailleurs s'installent durablement des académismes. La création
oscille entre ces deux pôles.
— L'imagerie
est cohérente. Dans certains cas on peut vérifier : 1) que des
éléments d'imagerie sont statistiquement associés ; 2) que des
types d'imageries figurant sur une face sont statistiquement associés
à d'autres types sur l'autre face. Tout se passe comme s'il y avait
un langage qui n'est pas seulement plastique (13).
La
lecture au niveau de l'imagerie n'exclut nullement celle au niveau
des symboles en tant que systèmes de représentations bien définis
(IHS, MA, croix accompagnées de cierges et de chandeliers, etc.) et
qui font partie d'imageries officielles, le plus souvent. Ces
symboles se comportent fréquemment comme l'imagerie, en ce sens
qu'ils fluctuent et dévient selon des directions qu'impose le monde
structuré et hiérarchisé de la discoïdale (voir en particulier:
5, 6, 11).
L'imagerie
représente donc un niveau de lecture (= de structure) efficace. Il
nous reste donc à montrer comment il est structuré et s'il «fait
sens» lorsqu'on le replace dans des paysages culturels basques.
Il
faut souligner avec force que les imageries dont nous parlons ici
sont issues de mondes à la sortie du Moyen Age. Elles présentent
deux caractères fondamentaux sur lesquels il faut revenir : 1) elles
sont diversifiées ; 2) elles sont renouvelées. Ces œuvres sont
donc autant de fluctuations, de propositions constituant un monde
basque en devenir. Elles sont étapes de parcours, et c'est ce
dernier qui nous intéresse avant tout (il mène à nous et nous
devons continuer le chemin, transmettre et faire fructifier
l'héritage). En effet, l'étude de nos discoïdales
nous
montre que ce parcours conditionne toute étape, à des degrés
divers. On pourrait dire d'une façon à peine provocatrice : peu
importe ce que la discoïdale figure, dès l'instant où elle est
habitée de culture basque, car c'est de cette culture qu'elle nous
parle avant tout. C'est elle qui lui donne la cohésion et le sens en
dépit des modes et aventures qu'elle vit de façon formelle.
Un
résumé pour aider à fixer des idées (fig. 1)
Les
flèches signalent des faits que la recherche a effectivement mis en
évidence. A droite un monde basque de type traditionnel. On enterre
les morts dans les maisons ou dans le jardin, mais aussi à l'église
ou au cimetière. Ces deux espaces de mort sont réunis par le chemin
qu'emprunte le convoi funèbre (hil-bidea).
Les
morts sont dans un ailleurs d'où, en principe, ils ne reviennent pas
(mais ceci est à tempérer si l'on en croit récits et pratiques).
Cet ailleurs est sous terre, dans le «ciel» basque traditionnel où
vivent, ou transitent, les plus importantes divinités. Ce monde
circulaire est décentré par l'église qui le réoriente en lui
proposant une tout autre lecture. Le paysage se colore de
syncrétismes les plus divers (voir les œuvres de Barandiaran).
A
gauche hargina
(le
tailleur de pierre; en fait, le faiseur de pierres) :
1)
Apports d'imageries.
2)
Rejets d'imageries anciennes ou de fragments (renouveau des
imageries).
3)
Les académismes installés.
4)
Formation
locale des maîtres ; l'apport extérieur n'est pas, actuellement,
démontré. En revanche, on sait que les Basques formaient des
équipes itinérantes qui, en Espagne, étaient sur les chantiers (et
parfois à la direction) de palais et de cathédrales.
6-7)
Les
vieux maîtres créent de façon différente pour la maison des
vivants et pour les demeures des morts.
8)
De nombreuses boucles de rétroaction ont été mises en évidence en
particulier au niveau de choix des maisons elles-mêmes et du «stock»
d'imageries que constitue la collection des monuments funéraires de
villages donnés.
C'est
dans la mise en mouvement de ces types d'espaces que se constituent
nos discoïdales.
«Un
monde structuré et hiérarchisé» (fig.
2)
C'est
la définition de la stèle basque telle qu'elle fut proposée il y a
quelques années sur la base d'une étude qui prenait en compte
plusieurs centaines d'œuvres des sept provinces, de «toutes
époques» (11). Les principes dégagés dans ce travail ont été
plusieurs fois testés avec succès. Ils permettent même d'unifier
dans une même perspective des stèles aujourd'hui pyrénéennes et
basques. Comme si l'on rétablissait quelques fragments de discours
perdus.
Ces
principes ne font que révéler des niveaux d'organisations et des
types de correspondance; ils valent par ce qui les fonde et non par
eux-mêmes (comme c'est le cas pour toute classification ou «mise en
ordre»). Ils nous accompagnent sur une voie qui nous permet d'aller
quelque peu en nous-mêmes, vers ce qui nous constitue dans notre
basquitude.
Ce
travail ne peut être ni exposé ni illustré ici. Seules seront
exposées les grandes lignes. Structure et hiérarchie signifient en
fait un plan d'organisation qui préside à la vie des imageries (à
leur choix, à leur devenir). Malheureusement ce plan est comme le
squelette du fossile en ce sens qu'il signifie des fonctions que nous
ignorons à tout jamais. Cependant nous pouvons rêver ces fonctions
dans la mesure où nos propositions doivent respecter ce contexte et
être compatible avec les paysages culturels les plus vraisemblables
que l'on puisse proposer. Les principes dégagés par notre travail
sont donc des outils et non des éléments d'une théorie (c'est
pourquoi nous sommes confiants dans leur efficacité à l'heure de
créer des monuments modernes).
Il
y a un plan d'organisation générale de la discoïdale, il sert à
«mettre en forme» l'imagerie, à l'articuler, à établir des
correspondances. Ce plan est constitué d'un certain nombre de
repères fondamentaux. Certains sont présentés sur la fig. 2, de
façon isolée, pour plus de clarté. De gauche à droite :
—
La
région centrale qui est le siège d'un rayonnement qui cherche à se
déployer dans le disque. L'axe V qui est le seul axe polarisé (les
éléments d'importance, comme un symbole chrétien, etc.,
chercheront à occuper le sommet du monument) ; il conduit à une
vision qui se déploie de cette région axiale vers les extrémités
droite et gauche.
— Au
centre sont figurés les deux couples d'axes : les axes principaux (V
et H) et secondaires. Ces deux couples ont des valeurs différentes.
Ces
axes portent à leurs extrémités des régions qui ont des
personnalités propres. D'une manière générale les régions
portées par les extrémités de l'axe H sont équivalentes et
peuvent mimer la région sommitale (extrémité apicale de l'axe V),
qui joue un véritable rôle d'attracteur. Tout autre est la région
6,
au
contact du monde du socle ; elle a une personnalité très affirmée.
On voit donc que l'axe V est le repère majeur, il contient (et
exprime parfois) le principe de symétrie; il porte trois régions
fortes (6,
centrale
et 12).
— A
droite, un autre repère largement autonome : la base de quatre.
Ces
repères majeurs n'imposent par eux-mêmes aucune imagerie, aucun
système de représentation. Ils sont éléments de champ
morphogénétique qui déstabilisent, polarisent, orientent et
accompagnent le devenir de toute forme qui vient se poser sur la
discoïdale. Ce n'est pas l'imagerie qui est basque c'est son
organisation ; les images sont à ce monde ce que les sons sont à la
langue basque. Cet art est langue basque pour la pierre.
Ces
repères sont en équilibres dynamiques, fluctuants ; ils sont point
d'équilibre, jalons pour les chemins d'aventure. Ils autorisent et
articulent des niveaux de langage en permettant d'établir des
correspondances par niveaux (11).
Nous
retiendrons la leçon de ces vieux maîtres pour lesquels nous avons
une tendresse infinie. Ils nous ont montré les voies pour être
aujourd'hui et pour préparer le chemin pour demain (voir dans un
prochain cahier les essais de création moderne).
Pour
des rêves éveillés
Cet
ensemble de données rapidement esquissées ici, de même que
l'espace structuré et hiérarchisé, peuvent-ils être intégrés
dans un ensemble construit qui les englobe et dans lequel (ou avec
lequel) ils font sens ? Récemment, Zulaika (14) nous a ouvert des
portes recelant
des richesses insoupçonnées. L'un des buts de son travail est de
cerner au mieux cette matrice sous-jacente aux divers codes sociaux
que nous construisons et manipulons, matrice qui articule ces codes
avec notre inconscient collectif. L'ordre culturel qui se manifeste,
en particulier à travers l'ethnographie, l'art et la langue, se
déploie dans ce qu'il appelle un espace esthétique-rituel (qui, en
fait, rassemble les éléments de champs morphogénétiques
structurant notre mémoire en acte). Les propos de cet auteur sont en
résonance avec l'univers des discoïdales
tel
que nous venons de le présenter.
Exposer
les grandes lignes de ce travail nécessite un minimum de
connaissance de la langue basque de la part des lecteurs... Il nous
faut donc renoncer à aller à cet essentiel tout en recommandant
chaleureusement au bascophone, de suivre Zulaika dans son
itinéraire, il y a là un renouveau spectaculaire du champ
anthropologique basque.
Un
art funéraire pour une culture vivante
Une
telle aventure ne pouvait rester sans lendemain. La culture basque,
même piétinée, est chair de notre chair, espace de vie qui nous
réunit. C'est tous les jours qu'elle se construit, en particulier
grâce à des aventuriers qui tentent d'ouvrir des chemins pour ceux
qui sont plus démunis qu'eux. Avec les caveaux vulgaires et
encombrants, d'une affligeante laideur, nous mourons deux fois, comme
homme et comme basque. Le caveau c'est la banalité, ce sont la
technique et le commerce qui fleurissent dans le désintérêt et
l'irresponsabilité ; toutes les déviances sont autorisées. Ceci a
été dit mille fois.
Un
art de notre temps voit peu à peu le jour. Il est le fait de gens
qui s'estiment et n'hésitent pas à mettre en commun leurs savoirs
et leurs incertitudes, pour réaliser l'œuvre commune. Certains
d'entre eux travaillent au «Conseil d'architecture, d'urbanisme et
de l'environnement», d'autres à «l'Équipement», d'autres aiment
l'art de ce pays avec passion. Des marbriers les encouragent, des
municipalités s'engagent avec eux pour s'impliquer dans une
politique culturelle digne de ce nom, celle qui remet la création
dans la vie (15).
En
nous impliquant dans cette aventure de vie nous avons la ferme
conviction que la création ne s'est pas arrêtée le septième jour.
La vie, dont nous sommes, est création continue ; marche obstinée
vers Celui qui a été, qui est, et qui vient. Il illumine notre
route. Notre fierté c'est qu'Il nous a laissé libres de construire
ce chemin et nous le faisons en basque et en Basques. C'est cette
liberté éclairée qui est notre vie.
NOTES
(1)
R. Riquet,
Anthropologie
aquitano-vasconne.
Bulletin
du musée basque, n° 92, p. 61-84, 1981.
(2)
J. Allières,
Les
Basques.
Que
sais-je ? n° 1668, 1977.
(3)
Lauburu.
Histoire
et civilisation basques.
Éd.
Lauburu, Bayonne, 1979.
(4)
J. M. de Barandiarán,
Obras
complétas,
23
tomes. Éd. La Gran Enciclopedia vasca, 1972...
(5)
«Hil-Harriak», Musée basque, Bayonne, 1984.
(6)
M. Duvert,
Contribution
à l'étude de l'art funéraire labourdin,
Kobie,
Bilbao, p. 389-447, 1981.
(7)
J. M. Miró i Rosinach,
Esteles
funeràries discoïdals de la Segarra. Aproximacío a un significat
simbòlic.
Éd.
Grup. de recerques de les terres de Ponent, 1986.
(8)
M. Duvert, L'art funéraire à Arcangues. In
«Arcangues», Ekaina, Bayonne, p. 101-167, 1986.
(9)
M. Duvert,
Remarques
sur la structure de l'art plastique basque.
In
Piarres Laffitte-ri omenaldia. Iker-2, p. 751-767, 1983.
(10)
M. Duvert,
Contribution
à l'étude des stèles discoïdales basques dans la Navarre
d'Ultra-puertos.
Dans
«Cuadernos de etnología y etnografía de Navarra». Pampelune. N°
46, p. 145-200, 1985.
(11)
M. Duvert,
Contribution
à l'étude de la stèle discoïdale basque.
Bulletin
du musée basque. Bayonne, n° 71-72, 1976.
(12)
M. Duvert, Congrès de Carcassonne.
Signalisation
de sépultures et stèles discoïdales,
1987
(sous presse).
(13)
M. Duvert,
Les
stèles discoïdales.
Archéologie
en Languedoc, n° spécial, 1980.
(14)
J. Zulaika,
Tratado
estético-ritual vasco.
Éd.
Baroja, 1987.
(15)
M. Etchehandy,
Vers
un nouveau cimetière basque. La tradition au présent.
Dans
«Corde Magno», mars 1983, p. 15-26.
(16)
L. Barbé,
Observations
générales sur les monogrammes divins à propos de leur inventaire
dans le Lectourois. Dans
«Société archéologique et historique du Gers», p. 286-304, 1983.
PLANCHES
Couverture
et pl. 1. Abbaye
Notre-Dame de Belloc (Pyrénées-Atlantiques). Deux vues de la
collection de stèles basques anciennes.
2
Belloc. Stèle provenant de Saint-Esteben (XVe-XVIe
s.).
Face est
le matin : on ne voit que les contours de l'imagerie.
3
Belloc. Stèle provenant de Domezain (XVIIe
s.).
4
Belloc. Stèle ornée d'une scène de chasse, provenant de Suhescun.
Jugée antérieure au XVe
siècle.
5
Belloc. Stèle provenant de Biscay (1614). Face est
en fin de matinée : l'imagerie capte au maximum la lumière avant de
disparaître dans l'ombre.
6
et
7 Belloc.
Revers et avers d'une stèle provenant de Saint-Michel (1564).
8
Belloc. Plusieurs stèles : faces Est en fin de matinée.
9
Belloc. Stèles provenant d'Arraute-Charritte
(1678). La stèle est fondamentalement un monde offert au soleil :
c'est le soleil qui lui donne vie. Deux œuvres provenant d'un même
hil-harriak (cimetière)
bas-navarrais
: deux maîtres, deux sensibilités.
10
Belloc. Stèle provenant d'Elizaberri (XVIIe
s.).
Le rayonnement issu du point central se déploie seul dans le disque.
Le décor du socle figure un monde trinitaire, teint d'imagerie
chrétienne.
11
Belloc. Stèle provenant de Luxe (1646). Revers de la stèle figurant
à la pl. 20.
12
Belloc. Stèle provenant de Lahonce (XVIIe
s.).
L'imagerie chrétienne triomphe (dans le disque) du rayonnement
repoussé dans le monde du socle, où il est surmonté à nouveau
d'une croix.
13
Belloc. Stèle provenant d'Iholdy (1696). Discoïdale sculptée et
peinte : c'est le monde du disque dans sa forme typique, base de
quatre et axes, ici la croix qui est chassée dans le socle. Le
rayonnement seul se déploie dans le disque.
14
Belloc. Stèle provenant d'Orègue (1615). On aime les imageries qui
affirment le rayonnement ; il est possible que l'on ignore ce qu'est
le pentalpha ou «sceau de Salomon».
15
Belloc. Stèles. A droite, axes et bases de quatre ; à gauche,
rayonnement et imagerie chrétienne cohabitent.
16
Belloc. Stèle provenant de Lecumberri (1647). Comparer à la pl. 19
: deux approches de la discoïdale et deux façons de jouer avec la
région 6.
17
Belloc. Stèle provenant de Luxe (XVIIe
s.).
Construction sur la base de quatre, de IHS
et
de MA
(ria)
(voir note bibliographique 16).
18
Belloc. Stèle provenant d'Arrosa (XVIIe
s.).
19
Belloc. Stèle provenant de Beguios (XVIe
s.
?).
20
Belloc. Stèle provenant de Luxe (1646). Centre MA
affirmé
par un double rayonnement: motifs divers disposés en cercle et
inscription.
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